AaRON peut remercier Philippe Lioret et son film "Je vais bien, ne t'en fais pas" sorti en septembre 2006 ... Le réalisateur, après avoir entendu leur titre "U-Turn (Lili)" décide non seulement de l'inclure dans la BO du film mais d'en faire le fil conducteur! A partir de là, tout s'emballe... Le duo (Simon Buret : chant, composition et Olivier Coursier : composition, arrangements) vend son single par milliers, sort un album plébiscité par la critique et le public (double disque d'or) et remplit les salles ... Quatre dates au Théâtre des Bouffes du Nord en mai qui affichent toutes complet, de prestigieux festivals cet été et deux Olympia sold out cet automne!

La première partie de ce soir est assurée par l'irlandais Declan de Barra. Pour sa seconde date à l'Olympia, le 24 novembre, AaRON sera précédé du groupe qui monte, Moriarty. Declan de Barra avait déjà ouvert pour AaRON aux Bouffes du Nord en mai, il n'est donc pas inconnu d'une partie du public... Après avoir été leader du groupe australien Clann Zú et sorti deux albums (2002 et 2004), Declan de Barra a regagné sa terre natale et a réalisé son premier album solo, Song of a Thousand Birds, disponible en France depuis fin 2005.

Dans un décors minimaliste, deux tabourets, une guitare, un violoncelle, le tout placé en bord de scène, Declan de Barra s'installe. C'est sa première tournée en France (on peut d'ailleurs la suivre au jour le jour sur son blog) et il remercie AaRON de l'avoir invité. Il est accompagnée d'une amie violoncelliste, Erika Peron. A travers les huit titres de ce soir, Declan de Barra nous transporte dans son univers, mélange de traditionnel et de pop/folk. Sa voix particulière, assez haute sans être aigüe, part parfois dans de puissantes envolées ("Blackbird Song") et il n'est pas rare qu'il finisse ses morceaux a capella ("Song of a Thousand Birds", "Apple Tree"). Bien qu'il nous ai dit qu'il n'avait pas beaucoup de temps et donc qu'il essaierait de ne pas trop parler, il n'arrête pas ! Pour découvrir son univers, le très beau "Throw Your Arms Around Me" est vivement conseillé ...

Un album est prévu pour bientôt et Declan de Barra annonce qu'une nouvelle tournée, passant par la France, suivra. On est invité à revenir, si on a aimé, et si possible en ramenant des amis... Message reçu !

Il est 21h00, l'impatience du public est palpable, la fosse commence à reclamer ses héros en tapant dans ses mains et en donnant de la voix. Comme si c'était le signal que le groupe attendait pour paraitre, les lumières s'éteignent et ... c'est la folie totale ! A l'orchestre, la fosse laisse échapper une clameur incroyable, au balcon, des spectateurs quittent leurs sièges qu'ils jugent trop éloignés pour s'avancer ...

Dans un noir total, les premières notes de piano retentissent puis, quand la voix de Simon attaque "Le Tunnel d'Or", les éclairages jaillissent et nous laissent découvrir le décor. A gauche, Olivier au piano, ses machines à portée de mains, Maeva derrière son violoncelle à droite et Simon qui dispose de la scène pour lui tout seul, scène qu'il n'aura aucun mal à occuper. Ce premier morceau est salué par une ovation spectaculaire et, croyez-moi, ce ne sera pas la dernière !

Depuis 8 mois, AaRON a assuré des dizaines de concerts et le spectacle est bien rôdé. Les lumières sont magnifiques et le jeu sur les éclairages contribue grandement à une certaine féérie. Ce ciel étoilé en toile de fond derrière Simon par exemple, quelle beauté quand on le découvre pour la première fois ... Cette intro de "Beautiful Scar" où la scène est plongée dans une pénombre à peine troublée par une lumière tremblotante ou encore cet éclairage rouge sang sur le martial "War Flag"... Vraiment du beau travail ! Quant à la musique, rien à redire... AaRON a trouvé la formule magique pour séduire le plus grand nombre ! Les instruments classiques par essence que sont le piano et le violoncelle alliés aux machines, boucles et samples, ça fait mouche !

Cet effet de vieux vinyle qui craque, souvent utilisé en trip-hop, bien audible sur "Lost Highway", je ne m'en lasse pas... Et ce "Beautiful Scar" en deux temps, intro au piano suivie d'une superbe ligne de violoncelle puis du chant qui finit par s'éteindre dans un souffle... La foule applaudit mais ça n'est pas fini! Olivier lance ses séquences sur son laptop, empoigne sa guitare et c'est reparti pour une relecture beaucoup plus électrique du morceau : excellent!

Que dire encore ? Quelques temps forts comme "Strange Fruit", chanson de Billie Holiday dénonçant le racisme, jouée très dépouillée (piano/voix) pour que le texte en ressorte mieux, et que le public écoute dans un silence respectueux, "U-Turn (Lili)" qui déclenche une véritable folie dès les premières notes puis que la foule reprend comme un seul homme, téléphones et briquets (pour les plus old school) illuminent alors la fosse, "Little Love" où un quatuor à cordes vient en renfort tandis qu'un tapis de fumée a envahi la scène, la faisant ressembler à un vaiseau fantôme, "Bachelorette", reprise de Bjork, où Simon danse comme un possédé, tantôt pantin désarticulé aux gestes saccadés (l'effet est renforcé par un éclairage stroboscopique), tantôt souple danseur monté sur ressorts... Les anecdotes sont nombreuses, j'en oublie sûrement.

Après 1h30 de concert, le duo revient, pour un ultime rappel, avec le "Famous Blue Raincoat" de Léonard Cohen, chanson assez triste mais qui colle bien à l'univers mélancolique d'AaRON et à l'instant présent où ... tout est fini.

SLB


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