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Alain Bashung et Keren Ann au Festival Chorus 2008 - Mélanie Pain en première partie

11 Avril 2008 - Photos : Pascal Codron


    Dernière soirée de cette édition 2008 des Chorus des Hauts de Seine, édition un peu particulière puisque cette année, le festival fêtait ses 20 ans... C'est à la Défense que cela se passe, à l'Espace Grande Arche plus exactement et la programmation de ce ce soir va crescendo puisqu'après Mélanie Pain qui ouvrira la soirée, Keren Ann prendra le relais avant de céder sa place au grand Alain Bashung. A tout seigneur, tout honneur ! La soirée est dédiée à Henri Salvador, disparu le 13 février 2008. C'est lui qui aurait dû clore ces Chorus 2008 mais la vie en a décidé autrement...

Quelques minutes avant l'ouverture des portes, vers 19h00, la file qui attend sagement est impressionnante. Certains, venus pour Alain Bashung qui ne doit pourtant pas passer avant 22h00, sont là depuis plus d'une heure... Il faut dire que la salle de l'Espace Grande Arche est davantage prévue pour les conférences que les concerts et l'absence de déclivité est un inconvénient certain pour bien voir la scène dès lors que l'on est un peu loin. Donc, mieux vaut arriver tôt !

A 19h30, Mélanie Pain attaque son set. Je ne connais cette jeune femme que par son nom régulièrement associé à l'expression "l'une des voix de Nouvelle Vague". C'est donc l'occasion ce soir de la découvrir pour elle-même. Sa prestation est très courte, une demi-heure et huit titres seulement. Accompagnée de trois musiciens (guitare, batterie, synthés), Mélanie Pain a choisi le registre de la chanson française pour s'exprimer. Une chanson française qu'elle ne craint pas de malmener un tant soit peu pour fleurter parfois avec un rock qui ne manque pas d'énergie. Le set s'achève sur "Helsinki", un beau morceau, chanté à deux voix avec le clavier.

Après quelques minutes de pause, c'est Keren Ann qui entre en scène. Son dernier album (Keren Ann, Capitol), étant sorti il y a près d'un an, la jeune femme a choisi de ne pas axer sa prestation uniquement autour de celui-ci mais plutôt de piocher dans l'ensemble de sa discographie. Le set commence sur "In Your Back", excellent morceau du dernier album, bien servi ici par des éclairages de toute beauté.
Tout au long du concert, d'ailleurs, on pourra noter dans l'ensemble de très belles lumières. Le seul bémol en la matière est sur "Nolita". Ce titre vraiment superbe, plein d'émotion, se verra accompagné d'un éclairage violent et assez pénible sur le final ce qui est un peu dommage. Ceci ne retire rien à la beauté de la chanson qui sera particulièrement applaudie.

Keren Ann rendra hommage à Henri Salvador, un ami dit-elle, en interprétant "Un Jardin d'Hiver", titre qu'elle avait cosigné avec Benjamin Biolay et qui avait permis à Henri Salvador de revenir sur le devant de la scène.

Après une série de morceaux plutôt calmes, d'inspiration pop/folk dans une veine toute songwriting américaine, Keren Ann tentera de réveiller un public léthargique en envoyant quelques titres rock. Elle empoigne sa basse pour "It Ain't No Crime", blues rock lascif soutenu par une grosse rythmique, et enchaine sur "Burn The Witch", reprise de Queen of the Stone Age. Après "For You And I", ballade folk et mélancolique, Keren Ann et son groupe quittent la scène avant de revenir pour un rapide rappel avec un "Sloop John B" enlevé, repris aux Beach Boys.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu Alain Bashung en concert. Ayant adoré Bleu Pétrole, chroniqué récemment, que je classe allègrement parmi les meilleurs Bashung, à côté des autres chefs d'oeuvre que sont Fantaisie Militaire, Chatterton, Osez Joséphine et autre Novice, il va sans dire que j'attendais cette soirée avec impatience. J'avais hâte de voir ce que pouvait donner des titres comme "Vénus" ou "Comme Un Légo" en versions live... Disons le tout de suite, je n'ai pas été déçue ! C'est un Bashung impérial que nous avons vu ce soir et qui nous a offert plus de deux heures d'un concert épatant !

Vers 22h00, alors que le public commence à s'impatienter, les musiciens se mettent en place et Bashung parait enfin. Costume sombre sur chemise blanche, lunettes noires, chapeau vissé sur le crane, il attaque sur "Comme Un Légo". Je suis aux anges... L'orchestration diffère un peu de celle tout à fait somptueuse de l'album puisque les cordes se réduisent ici à un seul violoncelle mais le travail du violoncelliste est extraordinaire. Le soutien du guitariste qui reste dans l'ombre et tire des
sons hallucinants, mais tout en retenue, de sa guitare électrique; la basse discrète et la guitare acoustique très en avant de Bashung permettent une très belle version live de ce titre grandiose. Quant à la voix de Bashung, elle est tout simplement parfaite... Ce concert commence sous les meilleurs auspices !

L'ensemble de la prestation est à l'avenant... La setlist est impeccable. Si elle fait évidemment la part belle à Bleu Pétrole, Fantaisie Militaire est bien représenté avec pas moins de six titres dont les géniaux "Mes Prisons", "La Nuit Je Mens" qui reçoit une ovation incroyable ou l'étrange "Samuel Hall", joué assez rapide et sur lequel Alain Bashung adopte une attitude plus gainsbourienne que jamais. De Chatterton, Bashung n'a hélas conservé que "A Perte De Vue" qui s'achève dans une belle lumière crépusculaire au son d'un harmonica qui pleure... Superbe ! Nous aurons droit également à quelques titres plus anciens, rescapés des années 80 : un "Volontaire" urgent et intense qui nous prouve qu'un voloncelle torturé peut sonner très rock, un "What's In A Bird ?" électrique et toujours aussi décalé et un "Vertige De L'Amour" inoxydable qui fait danser un public ravi.

Après un "Fantaisie Militaire" ovationné, Bashung quitte la scène... Le public profite des quelques minutes de pause avant le rappel pour foncer vers les premiers rangs. Impossible de voir la scène pour ceux qui restent assis ! Qu'à cela ne tienne, la salle assistera à la fin du concert debout. Alain Bashung reviendra pour deux rappels, d'abord avec ses musiciens puis en solo à la guitare acoustique. On peut souligner un duo avec sa femme, Chloé Mons, un "Madame Rêve" exceptionnel avec une contrebasse caressée par son archet et un violoncelle vraiment magique et un "Angora" plein d'émotion...

Il est plus de minuit, Bashung, visiblement ému par la ferveur de la foule qui reste là à l'applaudir, quitte la scène sur des merci répétés... Merci à lui, pour ce concert incroyable et rendez-vous en juin à l'Olympia !

SLB



Site d'Alain Bashung
Site de Keren Ann
Site de Mélanie Pain



Alain Bashung aux Chorus des Hauts de Seine - 11 Avril 2008 - Setlist

Comme Un Légo // Je T'ai Manqué // Hier à Sousse // Volontaire // Mes Prisons // Samuel Hall // Vénus //
La Nuit Je Mens // Je Tuerai La Pianiste // What's in a Bird // Légère Eclaircie // A Perte de Vue // Happe //
Résidents de la République // Osez Joséphine // Reprise // Fantaisie Militaire

Rappels :
Madame Rêve // Sur Un Trapèze // Présentation des Musiciens //
Duo avec Chloé Mons // Vertige de l'Amour // Malaxe ---------------------------------------------------------------------------------
Angora // Reprise