Emiliana Torrini est Islandaise. Si son nom évoque plutôt le sud, c'est que son père est Italien. Mais Emiliana a bien grandi en Islande. En 2008 est sorti Me and Armini, un bel album au titre mystérieux qu'elle défend depuis au gré d'une tournée internationale. Après avoir rempli le Bataclan en Janvier dernier, enchanté le public des Eurockéennes cet été, Emiliana Torrini revient en France pour charmer l'Olympia. Elle a amené avec elle une compatriote en la personne de Lay Low qui assure la première partie.

C'est donc Lay Low qui ouvre la soirée. Derrière ce nom de groupe se cache une jeune femme répondant au patronyme de Lovísa Elísabet Sigrúnardóttir. En 2006, Lovísa est remarquée par un label local grâce à quelques démos mises en ligne sur MySpace. Elle enregistre un premier album dans la foulée. Please Don't Hate Me se hisse en tête des charts Islandais, fait partie des meilleures ventes d'Islande cette année-là et raffle trois récompenses aux Icelandic Music Awards. En 2008, elle enregistre Farewell Good Night's Sleep, sorti en Avril de cette année.

Début 2009, Emiliana Torrini invite Lay Low à assurer les premières parties de son "Me and Armini Tour" offrant ainsi une belle plateforme de promotion à Farewell Good Night's Sleep. Ce second opus est un recueil de ballades mélancoliques combinant folk et blues, le tout saupoudré d'un zest de country. Lay Low, à la guitare acoustique, est accompagnée d'un musicien qui manie six cordes acoustique, banjo ou guitare lap-steel. Un batteur viendra en renfort sur le dernier morceau. Six titres au total, répartis entre le premier et le second album... On aura retenu "I Wish You" pour sa belle ligne de lap-steel, "Please Don´t Hate Me" et ses accents country renforcés par le banjo, ou encore "By and By", titre plus enlevé que les autres et qui recevra de très beaux applaudissements. Cet accueil fait très plaisir à Lovísa qui n'hésite pas à remercier chaleureusement le public parisien, soulignant que ça n'est pas toujours drôle d'être première partie. On la croit sur parole...

La fosse s'est remplie pendant l'entracte et une belle ovation accueille l'arrivée des musiciens. Me and Armini est sorti voici un an et depuis le début de l'année, Emiliana Torrini tourne pour en assurer la promotion. C'est le sixième album de l'Islandaise mais seuls les trois derniers sont parvenus jusqu'à nous... Emiliana a commencé à se faire remarquer grâce à la sortie internationale de Love in the Time of Science (1999) puis, en 2002, elle chante le thème final du film Les Deux Tours, deuxième volet du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson. Dès lors, la reconnaissance des medias lui est acquise et les albums suivants seront classés dans les charts.

Le "Me and Armini Tour" d'Emiliana Torrini est déjà passé à Paris cette année. C'était au Bataclan, en Janvier. L'accueil du public a été tel que cet Olympia a été programmé. Très fière de jouer dans ce lieu mythique mais très stressée également, la jeune femme préfère remettre les discours à plus tard... Elle attaque sur "Fireheads" du dernier album. Ça va mieux après, en tous cas suffisamment pour nous expliquer qu'elle ne parle toujours pas le français mais qu'à 90 ans peut être...

Après ce morceau du dernier album auquel la setlist fera la part belle puisqu'il sera joué presque entièrement, petit retour en arrière avec quelques titres de Fisherman's Woman (Beggars, 2005). Emiliana Torrini fera également deux titres de Love in the Time of Science mais rien des trois albums parus uniquement en Islande.

Si j'ai apprécié "Today Has Been Okay", pour sa belle intro à la guitare acoustique et ses arrangements dépouillés à base de lap-steel et glockenspiel, et "Lifesaver" pour son petit côté à la Bjork et cette longue plage instrumentale, je dois avouer que ce sont essentiellement les morceaux de Me and Armini qui m'ont impressionnée. Les deux singles hyper rythmés "Big Jumps" et surtout "Jungle Drum" mettront de l'ambiance dans la fosse et recevront une véritable ovation mais c'est vers "Hold Heart", "Me and Armini", "Ha Ha", "Beggar's Prayer", "Birds" ou encore "Gun" qu'il faut se tourner pour vibrer d'émotion.

Quelle intensité dans la voix d'Emiliana Torrini pour "Hold Heart" ou "Ha Ha", douces ballades et véritables perles jazzy, un vrai bonheur ! Quant à la version de "Me and Armini" chantée ce soir, elle surpasse celle du CD. Portée par une excellente ligne de basse, elle a délaissé le côté dub pour devenir un rock teinté de jazz tout à fait extra. Emiliana nous expliquera la genèse de cette chanson, écrite lors d'une soirée arrosée de whisky, et dont elle n'aura le lendemain aucun souvenir. Ainsi est né ce mystérieux personnage, Armini, censé avoir écrit ce morceau pendant la nuit...

Deux mots encore sur "Gun" qui achève magistralement le concert. Très long et plus psychédélique que sur disque, le morceau alterne passages rock aux guitares saturées et rythmiques indus qui nous ramènent une fois encore à Bjork. C'est une vraie réussite qui permet de finir en beauté cette soirée !

SLB

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