A la sortie de La Pointe Rouge en avril, Jean Guidoni avait investi La Boule Noire pour une quinzaine de dates ... Le succès rencontré par ce spectacle nous vaut une reprise aujourd'hui avec quatre nouvelles dates, toujours à La Boule Noire. Ce soir, c'est la dernière ... Jean Guidoni partira ensuite en tournée. Retour sur cette superbe soirée dont la première partie est assurée par Franck Zerbib ...

20h00, les lumières s'éteignent et Franck Zerbib arrive sur scène accompagné d'un seul musicien, Antoine Réjasse, son guitariste préféré. Ils se sont rencontrés sur une chanson de Jean Guidoni. Franck est donc tout ému d'en faire ce soir la première partie. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Franck Zerbib, c'était "Frankie", chanteur dans Les Wriggles du temps où ils étaient cinq. Depuis 2006, il s'est lancé dans une carrière solo et travaille parallèlement pour le théâtre.

Il se présente comme faisant de la chanson française à textes authentiques. Que chacun y comprenne ce qu'il veut mais ce qui est sûr c'est que son amour des mots et son humour décapant nous valent des chansons souvent désopilantes ("Je Déshabille Mes Actrices", "Sous Les Balles", "Capharnaüm"). Derrière le côté rigolo, Franck Zerbib cache quelqu'un de sensible et des titres comme le très dur "Tout Mielleux" ou le superbe "Une Goutte Ou Deux" laissent même entrevoir une certaine angoisse face à notre inéluctable vieillissement ... La prestation s'achève sur "Les Baskets Qui Courent Vite", chanson réaliste, dédiée à tous les parents ! Une belle découverte que cette première partie ... Pour écouter Franck Zerbib, il faut, pour l'instant, se rendre à ses concerts ou visiter son MySpace mais son premier album, "Capharnaüm", ne devrait pas tarder à sortir.

Après vingt minutes de pause, place à Jean Guidoni ... La dernière fois que je l'ai vu sur scène, c'était en 1999, au Théâtre Sylvia Monfort, pour le spectacle Fin de Siècle dirigé par Pierre Philippe, son parolier historique. Autant dire que ça ne date pas d'hier ... Jean Guidoni en concert, ça n'est jamais deux fois la même chose ! J'ai en mémoire le spectacle du Bataclan (1988) mis en scène par la danseuse et chorégraphe Lydie Callier avec en final un "Je Pourris Camarade" intense ou encore l'Européen (1989) beaucoup plus sobre, où Guidoni revisitait son répertoire accompagné par deux pianistes japonais ... Que va-t-il nous réserver ce soir ?

Trois musiciens s'installent sur scène et attaquent ... On reconnait les premières notes de "L'Horloge" (Concert 89 à L'Européen) mais toujours pas de Guidoni ! Sa voix pourtant se fait entendre, "Quand ça fait Tic, quand ça fait Tac" ... Surprenant tout le monde, il est arrivé par la salle. Veste noire sur T-shirt noir, sa silhouette sombre se découpe sur le rideau rouge, là-bas en face ...

Après cette entrée en matière grave et solennelle, nous retrouvons un Jean Guidoni charmeur pour le très beau "Seul" tiré du dernier album (La Pointe Rouge - Wagram - 2007).

Loin de l'homme autrefois volontairement provocateur qui n'hésitait pas à s'afficher en bas résille, visage maquillé, c'est ici un homme sans fard, pudique presque, sur des titres comme "Ce Sont Des Choses Qui Arrivent", "Je Reviens de Loin", "Mort à Venise", tous superbes d'émotion contenue. L'homme de spectacle exceptionnel qu'est Jean Guidoni, lui, n'a pas changé ... Généreux toujours, le concert va durer deux heures avec pas moins de trois rappels et un Guidoni qui revient chaque fois que le public insatiable le réclame, allant jusqu'à bisser "Oh Loup !" et "Cloaca Maxima" pour chanter encore quelque chose ! Drôle souvent ... Le moment où il terrorise le public en faisant mine de chercher une victime dans la salle qui devra venir danser sur scène reste l'un de ces nombreux instants d'hilarité générale, tout comme son "Téléchargez-Moi" lascif sur l'air de "Déshabillez-Moi" ou son interprétation a cappella de "La Chanson Dans Le Sang" !

Difficile de retranscrire par de simples mots ce que fut cette soirée ... Géniale sans aucun doute, un de ces moments d'intense jubilation et de pur bonheur comme on n'en rencontre pas tous les jours ! Pour tout cela, Jean, du fond du coeur, merci ...

SLB


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