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Musica Nuda au Bataclan - Lionel Loueke en première partie

7 Avril 2009 - Photos : Pascal Codron

    Dans le cadre du Blue Note Festival qui se déroule à Paris du 30 Mars au 16 Avril, le Bataclan accueille ce soir Musica Nuda, duo aussi incroyable qu'inclassable et le guitariste virtuose Lionel Loueke. Les Italiens ont sorti en Juin dernier leur troisième album studio, 55/21, mais le premier à paraître chez Blue Note. Quant à Lionel Loueke, après des années en trio et de très nombreuses participations aux albums des autres, il vient de sortir son premier disque en solo....

Musica Nuda au Bataclan
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Lionel Loueke est né au Bénin. Il a commencé la guitare assez tard, se contentant pendant longtemps de regarder jouer son frère aîné. A 17 ans, le dit frangin l'autorise enfin à toucher cet instrument tant convoité et il s'avère assez rapidement que Lionel a de réelles facilités. En 1994, il quitte l'Afrique pour Paris et l’American School of Modern Music. Diplôme en poche, il s'envole pour les Etats Unis et intègre le Berklee College of Music à Boston puis le prestigieux Thelonious Monk Institute of Jazz, en Californie. Là, il peut parfaire sa technique et se mesurer aux meilleurs musiciens de jazz. Considéré comme virtuose par ses pairs, Lionel Loueke multiplie les collaborations et ne tarde pas à être approché par Herbie Hancock qui l'engage dans le quartette qui l'accompagne.

Après avoir beaucoup tourné avec Hancock, s'être investi en trio avec le bassiste Massimo Biocalti et le batteur Ferenc Nemeth, Lionel Loueke se lance aujourd'hui en solo et, avec la participation de ses complices Biocalti et Nemeth, d'invités aussi prestigieux que Wayne Shorter et Herbie Hancock, il sort son premier album solo chez Blue Note, Karibu, qui signifie "Bienvenue" en swahili. Ce soir, c'est l'occasion de découvrir en partie ce disque.

Lionel Loueke chante en fon, un dialecte africain parlé au Bénin, de douces mélopées qui tranchent avec son jeu de guitare souvent sec et nerveux. Un jeu de guitare qui procède de la fusion entre les techniques jazz apprises lors de ses années d'étude et ses racines africaines qui lui ont inculqué cet afrobeat si caractéristique et popularisé par Fela Kuti.
Loueke s'aide de temps à autre de pédales d'effets et de boucles samplées. Il peut ainsi superposer claquements de langue percussifs, onomatopées, accords de guitare syncopés et percussions frappées à même son instrument... Impressionant !

Après cet apéritif, place à Musica Nuda ! Sur le papier, l'association d'une voix, celle de Petra Magoni, et d'une contrebasse, celle de Ferruccio Spinetti, peut sembler étonnante. Et pourtant, cela fonctionne à merveille, croyez-moi !

Découverts l'an dernier aux Chorus des Hauts de Seine, je n'avais de cesse de revoir ces deux-là en live. L'inventivité du duo, sa propension à revisiter des classiques de la variété italienne ("Una Carezza In Un Pugno" d'Adriano Celentano, "Prendila Cosi" de Lucio Battisti, "Bocca Di Rosa" de Fabrizio de André) ou de la chanson française (une très belle version italienne de "La Chanson des Vieux Amants" de Jacques Brel), son talent pour réinventer de façon étonnante des tubes pop que tout le monde croyait connaître (le "Another Brick in The Wall" de Pink Floyd a été destructuré au point qu'il en est quasi méconnaissable tandis qu'"I Will Survive" de Gloria Gaynor a trouvé une nouvelle jeunesse) sont prodigieux.

A ces qualités, on peut ajouter le jeu de contrebasse tout en finesse de Ferruccio Spinetti et les performances vocales assez incroyables de Petra Magoni. L'interprétation de "Bocca Di Rosa", par exemple, est un modèle du genre. La chanson originale est
transfigurée par la version de Musica Nuda. La ballade italienne sucrée devient une course poursuite effrénée entre l'archet de Ferruccio Spinetti qui danse sur les cordes et la voix mitraillette de Petra Magoni qui propose un exercice vocal étourdissant. Le public, bluffé par cette performance impressionante, ovationnera le duo. L'étendue des possibilités vocales de Petra Magoni semble infinie. Sur certains morceaux, on mesure toute la puissance de cette voix qui traverse la salle, l'emplissant complètement et montant si haut qu'elle en devient un cri transperçant. Sur d'autres, au contraire, c'est la musicalité qui l'emporte avec une voix tout en retenue comme sur la reprise des Beatles, "While My Guitar Gently Weeps".

Un trait que je ne connaissais pas à Musica Nuda, en tout cas qui ne m'était pas apparu lorsque je les avais vu précédemment, c'est l'humour. Leur numéro sur "Le Due Corde Vocali" fera pleurer de rire le Bataclan au grand complet. Il faut dire que par rapport à l'original (sur Musica Nuda 2), le dialogue entre les deux partenaires se fera dans un mélange français italien assez hilarant !

La soirée s'achèvera sur un rappel de trois titres après une heure et demi de concert. Pour finir, le duo nous offrira un entraînant "Il Camello e il Dromedario", réclamé par le public, un excellent "Guarda che Luna", ovationné dès les toutes premières notes, et le "I Will Survive" cité plus haut et pour lequel la salle restera debout. Musica Nuda, c'est à voir et revoir sans modération !

SLB

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