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PJ Harvey et John Parish au Bataclan

17 Mai 2009 - Photos : Pascal Codron

    Ce soir la capitale accueille PJ Harvey et son alter ego musical John Parish. Les deux complices viennent de composer un album à quatre mains, le sombre A Woman A Man Walked By, sorti en Mars dernier. C'est le Bataclan qui a l'honneur de les recevoir pour deux soirées sold out depuis bien longtemps. La salle, complètement bondée, est une véritable fournaise mais on ne laisserait sa place pour rien au monde ! Récit d'une soirée très hot et plutôt rock...

PJ Harvey et John Parish au Bataclan
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On a bien crû qu'on ne le verrait jamais ce concert tant attendu... Jusqu'à 20h40, le tour manager du groupe refuse obstinément que les photographes pénètrent dans la salle. Enfin, après d'âpres discussions entre les différentes forces en présence, le feu vert nous est donné... Evidemment, la première partie est terminée et nous ne pourrons pas vous en dire quoi que ce soit. Pour information, elle était assurée par Tom Brosseau, jeune songwriter américain qui sortira sous peu Posthumous Succes, un huitième album gorgé de soul et de calmes ballades folk.

Il fait une chaleur démente dans la salle et cela ne va guère s'arranger. Les esprits s'échauffent et le public commence à s'impatienter... 20h55, les musiciens rentrent en scène, Jean Marc Butty (percussions), Eric Drew Feldman (basse et claviers), Giovanni Ferrario (guitare, basse) et John Parish (guitare, dobro, banjo). Puis PJ Harvey parait enfin, ovationnée comme il se doit. Robe noire assez sobre, pieds nus, un trait de rouge à lèvres pour éclairer son pâle visage... La furie un brin extravagante des années 90 a laissé la place à une chanteuse au look plutôt sage. Mais n'allez pas croire qu'elle ait renoncé au rock pour autant. Si le magnifique White Chalk, tout en retenue, pouvait le laisser supposer, A Woman A Man Walked By (Universal) a remis les pendules à l'heure. Le concert de ce soir est dévolu à cet album cosigné avec John Parish et sorti fin Mars. Il sera joué intégralement tandis que les autres titres sont tirés de Dance Hall At Louse Point (1996), premier essai des deux complices.
On l'aura compris, on n'est pas venu pour une prestation de PJ mais bien pour un concert de PJ Harvey et John Parish, comme indiqué sur l'affiche...

On attaque sur "Black Hearted Love". Le son est dément, le rythme beaucoup plus rapide que sur le CD. Puis John empoigne un banjo tandis que résonne l'intro de "Sixteen, Fifteen, Fourteen". La batterie envoie une rythmique façon roulement de tambour puis le banjo prend le relais. PJ Harvey a délaissé ses instruments de prédilection. Il n'y a pas de piano sur scène mais c'est normal, les titres de A Woman A Man Walked By ne s'y prêtent guère... Par contre, on ne verra pas une seule fois PJ empoigner sa guitare. Ce soir, elle laisse le job à John Parish et se réserve le chant, agitant de temps à autre maracas ou tambourin. "Sixteen, Fifteen, Fourteen" finit sur une note névrosée avec cette phrase obsessionnelle, There is no laughter in the garden, qui sonne comme un No futur punk. Ovation dans la salle...

Quelques titres de Dance Hall At Louse Point... "Rope Bridge Crossing" à l'intro lascive et bluesy, dopé par la slide guitar de Ferrario, "Urn With Dead Flowers In A Drained Pool" puis le génial "Civil War Correspondent" qui nous rappelle, s'il était besoin, que Patti Smith a marqué PJ Harvey d'une empreinte indélébile. La souffrance de PJ est quasi palpable et l'ovation qui ponctue le morceau vient à point pour détendre l'atmosphère. PJ sourit, lointaine et énigmatique.
S'ensuit un superbe "The Soldier", ballade fragile et désespérée, le calme avant la tempête, incarnée par ce "Taut" enchaîné sans temps mort. PJ Harvey arpente la scène, hurle, vocifère, s'agenouille tandis que le groupe balance un rock rageur parcouru de stridences apocalyptiques.

On retiendra encore l'excellent "Leaving California", valse désenchantée qui brise définitivement toute envie d'aller s'installer sur la côte ouest des Etats Unis, ou un "A Woman A Man Walked By" possédé et déclamatoire, punk rock habité par l'esprit de Patti Smith, enchaîné avec l'instrumental "The Crow Knows...", mi psychédélique, mi épileptique. Mais aussi "Cracks In The Canvas", lente supplique soulignée du banjo de John Parish et enfin ce brutal "Pig Will Not". Saturation des guitares, clavier volontairement dissonant, éclairages violents... PJ hurle sans relâche I will not et la salle est en ébullition.

Deux titres en guise de rappel... "False Fire", country rock endiablé chanté par John Parish puis "April", lent et hypnotique, superbe. PJ Harvey finit dans l'ombre, seuls les musiciens sont encore éclairés, comme si elle s'effaçait doucement... Elle saluera avec l'ensemble des musiciens sous un tonnerre d'applaudissements avant de disparaître.


SLB


Site de PJ Harvey
Site de John Parish



PJ Harvey au Bataclan John Parish au Bataclan

John Parish au Bataclan PJ Harvey au Bataclan

PJ Harvey au Bataclan

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PJ Harvey et John Parish au Bataclan - 17 Mai 2009 - Setlist

Black Hearted Love // Sixteen, Fifteen, Fourteen // Rope Bridge Crossing //
Urn With Dead Flowers In A Drained Pool // Civil War Correspondent // The Soldier // Taut //
Un Cercle Autour Du Soleil // The Chair // Leaving California //
A Woman A Man Walked By/The Crow Knows Where All The Little Children Go // Passionless, Pointless //
Cracks In The Canvas // Pig Will Not

Rappel : False Fire // April