Actualité chargée pour Shannon Wright en cette année 2007... Après la sortie en mars du superbe Let In The Light, album incroyablement lumineux et apaisé qu'elle était venue défendre à La Maroquinerie en avril, Maps Of Tacit, initialement paru en 2000 et épuisé depuis, vient d'être réédité par son label français Vicious Circle. Quelques jours après son passage au Nouveau Casino, voici donc l'Américaine qui investit la scène de l'EMB.
La première partie est assurée par Thedø duo folk rock dont vous avez peut être déjà entendu au moins un titre. "On My Shoulders" est la chanson de la pub pour les cahiers Oxford !

C'est toujours un plaisir de venir à l'EMB ... La programmation pop/rock est excellente, l'organisation toujours impeccable ... Ce soir ne déroge pas à la règle, Shannon Wright, et, en guise d'apéritif, Thedø : une belle soirée en perspective pour mon premier concert de la saison dans la salle de Sannois ! Ça démarre à 21h00 pile avec les franco-finlandais de Thedø en trio. La scène reste dans l'ombre, les silhouettes d'Olivia (chant/guitare), Dan (basse/claviers) et Jérémie (batterie/percussions en tous genres) se devinent tandis que des nappes de synthé chatouillent agréablement nos oreilles. Enfin, Olivia attaque sur un mystérieux "Laulelet" que je ne connaissais pas mais qui s'avère tout à fait envoutant.

Le charme va durer 45 minutes pendant lesquelles sept titres seront joués. L'ensemble est assez rock avec des morceaux comme le désormais tube "On My Shoulders", le génial "The Bridge Is Broken" qui va recevoir une ovation tout à fait méritée (ce refrain qui vous entre dans la tête et vous poursuit ensuite, cette voix vocodée de façon assez originale sur la fin du morceau quand l'utilisation trop systématique du vocoder chez certains lasse un peu), l'excellent "At Last" ou encore "Aha" qui clôturera le set avec la voix d'Olivia qui monte parfois si haut qu'elle semble au bord de la rupture ...

Le public est manifestement conquis et c'est sous une ovation et des applaudissements nourris que Thedø quitte la scène. Avec un univers original, des chansons qui tiennent la route, une ambassadrice de charme à la voix extraordinaire, ce groupe a tous les ingrédients pour frapper fort ... Un album est prévu pour début 2008, on l'attend avec impatience !

Après une 1/2 heure de pause, place à Shannon Wright ... J'avais découvert l'univers torturé de l'américaine avec Dyed In The Wool (Vicious Circle) en 2001. Cet album m'avait sidérée : ce mal-être à fleur de peau, cette voix puissante aux intonations parfois dissonantes qui hurle sa révolte, cette guitare aux distorsions déchirantes et derrière tout ça, une certaine fragilité et l'émotion toujours prête à surgir au détour de quelques notes de piano ... Aujourd'hui, Shannon Wright semble avoir trouvé un certain équilibre entre le feu et la glace. Témoin ce superbe Let In The Light (Vicious Circle - 2007) où le piano, prédominant, amène douceur et mélancolie.

Ce soir, la prestation de l'américaine est à l'image de ce nouvel équilibre : sur les seize titres interprètés, huit le seront au piano et huit autres à la guitare. Shannon Wright, tignasse noire, s'installe tout d'abord au piano pour un superbe "Dirty Facade", extrait de Maps Of Tacit, fraîchement réédité chez Vicious Circle. Son groupe, un batteur et un bassiste tous deux aussi barbus qu'impressionnants, sait s'effacer derrière la voix, pour produire un accompagnement tout en retenue : magnifique !

Cet instant magique se prolonge avec le très beau "Defy This Love" du dernier album. Des acclamations accueillent les premières notes de piano de cette ballade chantée d'une voix légèrement rauque, comme fêlée. Trois autres titres, toujours au piano, vont suivre dont le très violent "Hinterland" (Dyed In The Wool) qui, contrastant avec le calme des premiers morceaux, assure la transition vers la seconde partie du set, beaucoup plus rock.

Shannon Wright a empoigné sa guitare et c'est parti pour six titres furieux, une voix volontairement non mélodique, une guitare qui claque, des stridences qui déchirent l'air ... Et si parfois à la faveur d'une belle intro comme celle de "Within The Quilt Of Demand", on croit le calme revenu, c'est pour mieux s'abîmer ensuite dans des dissonnances noisy. La prestation s'achève sur le final quasi punk de "Black Little Stray" qui nous cloue au sol. Le groupe quitte la scène mais le public en redemande ...

En guise de rappel, cinq titres dont "Ways To Make You See", seul rescapé de l'album avec Yann Tiersen, "Louise" et "Avalanche", tous trois interprètés par Shannon Wright seule au piano. C'est tout simplement superbe ... La salle retient son souffle et, dans un silence quasi religieux, écoute, goûtant ces instants de pure beauté. Le groupe revient pour le dernier morceau, un "Fences Of Pales" qui commence doucement puis monte en puissance pour un final intrumental dément : magistral !

Sur un petit salut discret, Shannon Wright s'esquive ... et nous, nous ne sommes pas prêts d'oublier cette soirée !

SLB

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