Deuxième édition du festival rock d'Angoulême... Comme l'an dernier, les organisateurs de la Garden Nef Party ont placé la barre très haut côté programmation. Aujourd'hui, premier jour du festival, nous avons pu voir, entre autres, Moriarty, Brian Jonestown Massacre, Alela Diane, Nada Surf et, bien sûr, les têtes d'affiche, The Kills et les Raconteurs. Vous pouvez retrouver le compte-rendu de cette journée sur notre report général mais en ce qui concerne les gros morceaux, nous avons souhaité faire plus... Récit des concerts de deux groupes de rock au style très différent...

The Kills
Le duo traine avec lui une réputation scénique sinon sulfureuse tout au moins intense. N'ayant jamais eu l'occasion d'assister à l'une de leurs prestations, nous allons pouvoir juger...

C'est la folie devant la grande scène quand VV et Hotel, respectivement Alison Mosshart et Jamie Hince à la ville, débarquent sur scène. Elle marche à grandes enjambées, arbore une veste léopard, des jeans noir super slim et des bottines couleur or, l'allure féline. Il est tout en noir, guitare en bandoulière, un petit chapeau à la Pete Doherty sur la tête. Veste, chemise et foulard lui donnent un air de dandy élégant plutôt que l'allure d'un rockeur pur et dur.

Pourtant, les Kills font bien du rock, pas de doute. Dès qu'Hotel a lancé sa beat machine et que VV sussure et répète "u.r.A Fever", du dernier album, Midnight Boom, sorti il y a quelques mois, le duo captive. Décharges d'adrénaline façon White Stripes, riffs garage, accents glam, la musique de The Kills oscille entre rock rapides et titres au tempo plus lent. L'univers scénique du duo, ce côté si intense et quasi envoûtant, on le doit évidemment beaucoup à VV. Toujours en mouvement, elle arpente la scène, feule, rugit, s'agenouille au bord de la scène les cheveux dans les yeux ("Pull A U"), se relève pour empoigner sa guitare ("Sour Cherry") - ce qui déclenche illico des hurlements de joie dans le public - s'accroche à son micro ("Last Day of Magic")... Sa présence quasi hypnotique nous ferait presqu'oublier qu'ils sont deux.

Même s'il est moins expressif, Hotel vaut le coup d'oeil également. Vraie pile électrique sur "Tape Song", plutôt épileptique il est vrai, qu'il finira à genoux, il semble habité sur le très hot "Kissy Kissy" qu'il commence seul avant qu'elle ne le rejoigne pour un duo torride.

Points culminants de cette prestation, "No Wow" déjà, qui dès les premières notes provoque l'hystérie de la foule, et "Goodnight Bad Morning" ensuite. "No Wow"... VV, grande prêtresse, chante lentement sur un rythme névrotique... Hotel balance ses riffs de guitare pareils à une mitraillette. Rien à redire, sensuel en diable... Enfin, "Goodnight Bad Morning" clôt avec brio le concert. Les machines déroulent une rythmique indus, le morceau est calme, intense et lascif à la fois... On reste sous le charme !

The Raconteurs
Le soleil s'est couché sur Angoulême, il fait nuit, la foule est massée devant la grande scène et attend... Chaque apparition d'un technicien, venu régler un dernier détail sur la scène, déclenche des cris. Il est vrai qu'avec Iggy et ses Stooges demain, les Raconteurs sont l'un des gros morceaux du festival. Les Américains jouissent en effet d'une excellente réputation scénique mais, il faut bien le dire, la présence de Jack White dans le groupe, agit comme un véritable aimant. Une explosion de joie salue l'extinction des lumières. Festival oblige, le concert ne durera malheureusement qu'une heure mais, ne boudons pas notre plaisir...

Brendam Benson, l'alter ego de Jack au sein des Raconteurs, ouvre le bal avec "Consoler of the Lonely" avant que Jack ne prenne le relais. "Hold Up", à l'intro hurlée, et "Old Enough" sont enchaînés sans temps mort. Le final de l'excellent "You Don’t Understand Me", nous offre un chouette duel basse/guitare tandis que Jack, fou furieux, martyrise son clavier. S'ensuit un "Top Yourself" magistral... Jack est à la guitare acoustique et chante de sa voix d'écorché qui nous rappelle les White Stripes. Il explose une corde mais poursuit quand même avant de changer de guitare à la vitesse de l'éclair pour un final hautement électrique... Dément !

Pour ne citer que le meilleur, passons à "The Switch And The Spur"... Chanté par Brendam et porté par de superbes guitares... Tout simplement génial ! On s'arrête sur "Steady as She Goes"... Une intro martiale dont seul Jack a le secret et une voix passée au vocoder... Impeccable ! Les slammeurs s'en donnent à coeur joie... Après une rapide présentation des musiciens, c'est "Many Shades Of Black", chanté pas Brendam, puis un final somptueux avec "Blue Veins". Un instrumental bluesy assez long en guise d'intro tandis que la scène est baignée dans une belle lumière bleu électrique. Jack est au micro, il alterne voix soul et chant écorché, nous offre un solo de guitare hendrixien hallucinant que le public applaudit et ovationne, hurle dans son vocoder et finit sur un saut... C'est énorme ! Nous sommes tous à genoux !

SLB

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