Quelques mois seulement après avoir rempli le Café de la Danse pour un concert absolument magique, Anna Ternheim revient charmer le public parisien. Cette fois, c'est l'Alhambra qui a l'honneur d'accueillir la Suédoise. Le concert de ce soir est le dernier d'une mini tournée européenne d'une dizaine de dates, démarrée mi Septembre. La première partie est assurée par un groupe français qui m'est complètement inconnu au moment où il rentre en scène mais qui m'a vraiment épatée tout au long de sa prestation : Every Man Has Your Voice, un nom à retenir...

Comme je l'ai signalé en préambule, je ne connaissais pas Every Man Has Your Voice avant ce soir. Je ne savais même pas qui devait ouvrir cette soirée, le billet ne mentionnant pas le nom de la première partie. Je découvre donc au fil de l'eau ou plutôt au fil des morceaux que le groupe offre à nos oreilles. La surprise est agréable, Every Man Has Your Voice s'avérant réellement épatant. S'ils sont trois sur scène sur la quasi totalité des morceaux, le coeur du groupe est un duo. Christophe L'Huillier chante en taquinant généralement un ukulélé ou, de temps à autre, une mandoline. Jérémie Rüest se partage harmonium, guitare électrique et glockenspiel. La demoiselle qui les accompagne fait la seconde voix ou se charge des choeurs et du glockenspiel.

Every Man Has Your Voice n'aura le temps de faire que six titres mais c'est suffisant pour être sous le charme. La voix de Christophe L'Huillier y est pour beaucoup, c'est certain. Elle me fait un peu penser à celle de John Bramwell, le chanteur de I Am Kloot, assez haute et avec ce grain rapeux qui vous accroche tout de suite. Mais, il n'y a pas que ça. Les lignes de guitare sont superbes, les orchestrations originales et l'ambiance qui se dégage des morceaux de Every Man Has Your Voice est tout simplement envoûtante. Ecoutez "Monkey Finger" ou "I’m not Mad" sur leur Myspace et vous m'en direz des nouvelles...

Après l'entracte, place à la Suédoise... Coïncidence ou non, Anna Ternheim revient à Paris alors qu'a débuté hier le festival ÅÄÖ!, festival des musiques actuelles suédoises organisé par l'Institut Suédois et le Point Ephémère et se déroulant sur quatre jours. La Suède est donc à l'honneur à Paris, en ce début d'automne.

Contrairement à la grande tournée donnée au printemps, plutôt rock et en formation complète, Anna Ternheim a choisi une formule acoustique totalement inédite pour cette mini tournée d'une dizaine de dates. Deux musiciens uniquement l'accompagnent, Andreas Söderström à la guitare acoustique et occasionnellement à la trompette et Johan Berthling à la contrebasse. Les morceaux ont été en partie ré-orchestrés et parfois, ça change tout ! Un vrai moment d'intimité que nous avons eu la chance de partager...

Assise, guitare acoustique en mains, Anna Ternheim attaque sur "Off The Road", un morceau du dernier album, Leaving on a Mayday. L'éclairage est assez chiche, juste un projecteur qui laisse tomber ses rayons sur les cheveux blonds de la chanteuse. Puis, c'est le superbe "Black Sunday Afternoon". Même si la voix sertie de reverb fait bien ressortir le côté dramatique du morceau, il me semble moins glacial ce soir que la première fois où je l'avais entendu. S'ensuit un "What Have I Done" vraiment génial. Exécuté essentiellement

au piano, soutenu par la rythmique de la contrebasse et renforcé, de temps en temps, d'une guitare acoustique, le morceau a perdu son essence eighties et pop, ce côté dansant qu'il a sur le CD. En échange, cette version épurée du titre donne encore plus de poids à la superbe déclaration d'amour qu'il renferme. "What Have I Done" n'est pas le seul morceau dont l'orchestration a été modifiée. On découvre un "Damaged Ones" original et très sobre, joué au xylophone et à la contrebasse, un "Losing You" devenu folk et un "Terrified" beaucoup plus chaud que sur disque grâce à une voix débarrassée des effets qui la rendaient spectrale.

Si l'ensemble de Leaving on a Mayday est joué ce soir, Anna Ternheim a également choisi des morceaux plus anciens. Ainsi le très beau "Tribute to Linn" (Separation Road), sublimé par une contrebasse caressée par son archet et une ligne de trompette bouchée absolument superbe. "Better Be" et "My Secret", tous deux extraits de Somebody Outside et qu'Anna joue en solo à la guitare acoustique. Puis "Halfway To Fivepoints", là encore dans un arrangement de toute beauté, juste avant les rappels. La salle est alors debout pour applaudir et ovationner cette prestation magnifique. Le concert s'achèvera sur un magistral "Summer Rain", unplugged et chanté à trois voix. Rien à redire, c'est superbe !

SLB


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