Avec un nom comme ça, forcément on s'attend au pire... On se dit, encore un de ces groupes pour ados qui va se la jouer emo à fond, ou au mieux simplement barbare. Et bien pas du tout ! De vrais petits marrants ces anglais ! D'autant plus lorsqu'on apprend que le choix de ce patronyme pour le groupe est mûrement réfléchi. Pensez donc, le combo s'est d'abord appelé Fleeing New York avant de changer pour ce doux Band of Skulls. Décidément, on ne les comprendra jamais ces British... Heureusement que, côté pop rock, ils connaissent plutôt bien leur affaire, ça rattrape bien des choses. Bref, revenons à ce Baby Darling Doll Face Honey, premier opus du groupe. Sorti en Mars 2009 sur le label Californien Shangri-La Music, le disque ne nous parvient que maintenant, distribué en France par Naïve.

Si le son des Band of Skulls est souvent puissant et les guitares affûtées, c'est plutôt pour délivrer un son rock et brut, dans la plus pure tradition d'un Led Zep ou, plus près de nous, d'un groupe comme les White Stripes. Ainsi, les trois premiers morceaux (dont l'excellent "Death By Diamonds And Pearls") ou "Blood", résonnent comme de beaux uppercuts que l'on se prend direct en pleine machoire. Le pire, c'est qu'on en redemande... Mais Band of Skulls sait aussi laisser de côté ses riffs tranchants et sa grosse artillerie rythmique pour tricoter, l'air de ne pas y toucher, de belles ballades. On pense à "Fires", pop de belle facture, zèbrée de riffs aiguisés, ou "Honest", absolument superbe, acoustique et dénudée jusqu'à l'os, mais également à "Dull Gold Heart", tranquille duo blues rock un brin psychédélique. Finalement, côté mélodies bien troussées, le trio de Southampton se débrouille parfaitement bien. Et quand Emma Richardson, bassiste du groupe, décide d'emprunter le micro à son comparse Russell Marsden, pour ce "Honest" de toute beauté et déjà cité ou pour l'efficace "Blood", on se dit que les lascars disposent d'une sacrée botte secrète, véritable arme de destruction massive qui fera capituler même le plus endurci des auditeurs.

Certes Baby Darling Doll Face Honey n'est pas parfait et comporte quelques faiblesses (le trop facile "Patterns" et ses choeurs agaçants ou le mièvre "Cold Fame" qui referme le disque) mais l'album comporte suffisamment de morceaux intéressants pour qu'on lui prête une oreille attentive...