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La Garden Nef Party
20, 21 juillet 2007 - Angoulême |
Pour sa première édition, le festival Garden Nef Party réussit un sacré tour de force ... Offrir au public deux têtes d'affiche exceptionnelles
en deux jours : Muse et Arcade Fire ! Mais ce n'est pas tout ! Le reste de la programmation est en tous points remarquable
et colle parfaitement à l'actualité pop/rock de la scène anglo-saxonne avec Klaxons, LCD SoundSystem, Clap Your Hands Say Yeah, !!! (Chk Chk Chk),
Albert Hammond Jr, Art Brut, Mumm Ra, Cocorosie. Une affiche à faire palir d'envie tout organisateur de festival ... Cette programmation
d'exception, nous la devons à toute l'équipe de la Nef (salle de musiques actuelles très active sur Angoulême) et au
producteur O Spectacles.
Ces deux acteurs, soutenus par la ville d'Angoulême et la région Poitou Charentes, se sont mobilisés voici deux ans pour mettre sur pieds un festival dont le mot d'ordre était "place aux exclusivités" ... Soucieux de mettre toutes les chances de leur côté, les organisateurs ont même été jusqu'à mettre en place un pilote pour tester le site retenu. Cette édition 0 du festival avait accueilli, en juillet 2006, 9000 spectateurs venus applaudir, entre autres, Placebo ou encore Archive dans le cadre splendide qu'offre le domaine de la ferme des Valettes. Cet espace vert abritant d'ordinaire un centre de loisirs est idéalement situé : à deux pas du centre ville (10 minutes à pieds, montre en main et testé pour vous) et aux pieds des remparts du vieux Angoulême. On a donc une très belle vue sur la ville et sa cathédrale lorsqu'assis dans l'herbe, entre deux concerts, on se refait une santé un sandwich à la main ... Compte-rendu de ces deux jours de concerts ... |
20 Juillet 2007
Arrivés dans l'après midi, nous avons juste le temps de repérer un peu les lieux et de récupérer nos pass avant de nous retrouver devant la scène B pour assister au premier concert ... Pour fixer un peu les choses, il faut savoir qu'il y a deux scènes, la grande (dite scène A) et la petite (scène B donc). La programmation est ainsi faite qu'il n'y a pas de temps mort entre les concerts : dès qu'un concert s'achève sur la grande scène, un autre démarre sur la scène B et ainsi de suite ... Comme ça, on n'attend pas pendant que les techniciens s'affairent à démonter/remonter le matériel. Gâtechien a l'honneur d'ouvrir les festivités. Il faut dire que cette drôle de formation - le choix d'un duo basse/batterie peut surprendre - déjà aperçue l'an dernier à La Flèche d'Or à Paris, est d'Angoulême. Il était donc assez logique de leur faire une place ici. Gâtechien joue un rock noisy aride et sans concession qui, au fil des années et des dates, a réuni un public fidèle. Témoin, cette fameuse soirée à La Flèche d'Or où l'ambiance était au rendez-vous, on peut vous le certifier ! Le jeu de basse du charismatique Laurent Paradot est impressionnant et on se laisse facilement captiver ... Tandis que Gâtechien achève sa prestation, ça s'agite du côté de la scène A. Mumm Ra vient d'investir les planches et attaque par un "Now Or Never" enlevé. Ce sextet anglais très jeune, qui vient juste de sortir son premier album, est déjà passé maître dans l'art de composer une pop élégante aux orchestrations soignées. Il n'y a qu'à entendre les superbes "Song A" ou "These Things Move In Threes" (également titre de l'album) pour s'en convaincre. Comme tout bon groupe anglais, Mumm Ra sait aussi faire des morceaux efficaces aux refrains accrocheurs comme le très dansant single "She's Got You High" ou le "Out Of The Question" qui clôt le set. Mumm Ra, un groupe à suivre et une belle découverte pour les festivaliers d'Angoulême ... On migre vers la scène B où Son of Dave, costume sombre, chaussures bicolores, lunettes noires et chapeau gris, a déjà attaqué. Bien que seul sur scène, Benjamin Darvill (a.k.a Son of Dave) donne l'impression qu'ils sont trois ou quatre ! Harmonica et micro dans la main gauche, maracas dans la droite, pédales d'effets aux pieds, cet homme est surprenant. Son blues rythmé flirte volontiers avec le hip-hop et c'est à l'évidence moins anachronique qu'il n'y parait. On reverra ce Canadien également le lendemain puisqu'il a deux sets programmés pour le samedi ... C'est maintenant au tour du collectif New Yorkais !!! (Chk Chk Chk) d'investir la grande scène. Je ne les ai jamais vu en live mais si j'en crois la réputation de bêtes de scène qu'ils trainent derrière eux, ça promet d'être grandiose. Tandis que le batteur, Jerry Fuchs, commence à torturer ses fûts, la foule, qui s'était assise pendant la pause, se lève et le reste de la troupe - !!! compte pas moins de 8 membres - entre en scène. On n'est pas déçu ! Le disco-rock psychédélique de !!! (Chk Chk Chk) est totalement jouissif. Comment résister à "Heart Of Hearts", titre dansant à souhait, ici chanté en duo avec la chanteuse Shananana (a.k.a.Two Tears), à "A New Name", chanté par John Pugh, qui officie d'ordinaire aux percussions et qui, pour l'occasion, a sauté dans les crash ou encore à l'excellent "Must Be The Moon" ? Le premier slammeur passe au dessus de nos têtes alors que le soleil descend doucement sur la ville. La présence scénique incroyable du groupe tient beaucoup à l'extraordinaire Nic Offer (a.k.a The Penguin). Cet homme a dû être Gogo-dancer dans une autre vie ! Un vent de folie vient de passer sur Angoulême ... Le set pourtant très rock de Albert Hammond Jr, qui prend la place des bouillonnants Américains, semble presque calme en comparaison. Le guitariste des Strokes, en vacance de son groupe, a entammé une carrière solo avec la sortie de son premier album Yours to Keep. Alors que la nuit est maintenant tombée sous un ciel totalement dégagé, Albert Hammond Jr attaque sur "Everyone Gets A Star". Le set est carré, 14 titres s'enchainent presque sans temps mort. La quasi totalité de l'album est jouée plus un nouveau morceau ("In My Room") et quelques reprises comme le "Old Black Dawning" de Frank Black, leader des Pixies, "Don't Cha Stop" des mythiques Cars ou "Postal Blowfish" des américains Guided By Voices. Albert Hammond Jr nous quitte sur le très convaincant "It's Hard To Live In The City". |
Enfin, après une pause qui nous a permis de nous restaurer, arrive le dernier concert de la journée, le clou de cette première soirée à la Garden Nef Party, le concert qu'attendent des milliers de fans ... Vers 23h00, on envoie la fumée, les lumières s'éteignent et au son de "Dance of the Knights" (extrait du ballet Romeo et Juliette de Sergei Prokofiev), les trois anglais de Muse font leur apparition. Une clameur gigantesque salue ces premières notes et l'arrivée du groupe. 10000 personnes sont massées devant la scène et on peut dire que les places des premiers rangs sont chères ... Les fans défendent vaillamment leur coin de pelouse ! On enchaine sur "Take A Bow" et, pendant 1h30, Muse va offrir un son et lumières époustouflant. Le rappel fait exploser les compteurs en terme d'ambiance avec un lâcher de ballons géants remplis de confettis sur "Plug In Baby" et un superbe final sur le parfait "Knights Of Cydonia". Notez qu'un compte-rendu plus complet et spécifique à ce concert est disponible ICI. 21 Juillet 2007 Deuxième jour de cette Garden Nef Party. 18h00, les nuages de la matinée ont laissé place à de belles éclaircies. C'est sous un soleil qui donne encore bien que les anglais d'Art brut, emmenés par leur démoniaque leader Eddie Argos, très en forme aujourd'hui, attaquent la soirée. Le set est nerveux, calé sur une grosse rythmique et un son énorme. Nous aurons droit à douze titres menés tambour battant avec seulement quatre titres du tout récent It's a Bit Complicated. Le set s'achève sur une chanson d'amour à boire (dixit Eddie, comprenne qui peut), "Good Weekend" sur laquelle Eddie Argos part dans un délire dont lui seul a le secret, entrainant une foule ravie de pouvoir scander Art Brut is Top of the Pops ... Le public d'Angoulême n'est pas près d'oublier Art Brut ! Après ce premier set endiablé, retour au calme devant la scène B où Howe Gelb, seul à la guitare pour le moment - il sera rejoint pour son second set plus tard en soirée par deux acolytes - distille sa folk tranquille. Cet américain, originaire de Tucson, bien que plus connu pour son groupe Giant Sand et ses collaborations avec Calexico que pour ses prestations solo n'en reste pas moins prolifique (12 albums solo au compteur !). On se laisse bercer avec grand plaisir par ses pop songs lumineuses mûries au soleil d'Arizona. On retourne sans tarder vers la grande scène pour le concert des Klaxons, la sensation londonienne de l'année. Je les avais manqués à La Cigale au mois de mai pour cause d'Olympia ce soir là et j'avais hâte de voir le quatuor anglais. Les Londoniens semblent un peu fatigués ... Quoi de plus naturel avec les concerts à répétition (parfois deux prestations par jour en Angleterre) qu'ils enchainent depuis plusieurs mois ! Mais, ils sont là, la musique est bonne, ils alignent leurs tubes electro rock - "Atlantis to Interzone", "Gravity's Rainbow", "Magick" et le très classe "It's Not Over Yet" single du moment - et les slammeurs s'en donnent à coeur joie ... On serait bien difficile de ne pas en profiter ! Signalons quand même la douloureuse anecdote finale. Jamie Reynolds, ayant sauté dans la fosse sur le dernier titre pour être plus près du public, s'est fait assez mal ... Après transport à l'hôpital et diagnostic des médecins, il s'est avéré qu'il s'était carrément fracturé le tibia ! Le reste de la tournée est évidemment annulé. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement. Après les anglais, place aux Américains ... Clap Your Hands Say Yeah s'empare de la scène pour près d'une heure. Si le quintet de Brooklyn, emmené par son chanteur à la voix haut perchée et un brin nasillarde, Alec Ounsworth, ne fait pas de frasques sur scène, son rock efficace se charge de tout et surtout de nous filer une furieuse envie de sauter dans tous les sens comme sur l'irrésistible "Satan Said Dance". Le set s'achève par le désormais classique "The Skin of My Yellow Country Teeth" et nous migrons vers la scène B. Animal Collective officie déjà ... Se frayer un chemin pour s'approcher de la scène relève du parcours du combattant tant la foule qui s'est massée devant la petite scène est dense. Il faut dire que le combo New Yorkais jouit d'un statut de groupe culte et que ses concerts sont réputés. Les fans d'electro sont à la fête aujourd'hui puisqu'après Klaxons et les trois gaillards d'Animal Collective concentrés sur leurs machines, nous aurons droit pour finir la soirée à l'excellent LCD Soundsystem ... |
Mais avant cela, sur un son de cloche rassembleur, les soeurs Casady de Cocorosie nous entrainent dans leur univers étrange ... Mélange musical original où le lyrisme le dispute au moderne, où une douce mélodie commencée à la harpe vire au rap, où le piano cotoie les samples ... Ajoutons à cela les tenues vestimentaires originales des deux soeurs et les projections video toutes plus décalées les unes que les autres et on aura une petite idée de l'atmosphère qui a envahi la ferme des Valettes tandis que la nuit tombe doucement. Après une barquette de frites vite engloutie et un café tiède, nous retournons jouer des coudes pour essayer de gagner une place stratégique ... Il ne s'agirait pas d'être mal positionné pour la sensation de la soirée, j'ai nommé Arcade Fire ! Quand les lumières s'éteignent et que la scène s'allume, on découvre un décors féérique, la troupe de Win Butler et Régine Chassagne semble jouer derrière une clotûre invisible marquée par des piquets lumineux rouges. Ça démarre sur les chapeaux de roue, si j'ose dire, avec le très électrique "Keep The Car Running". Win est au banjo, Régine à la vielle à roue, instrument qu'elle retrouvera en fin de set sur "Black Mirror". La prestation est équilibrée avec sept titres de chacun des deux albums et une reprise inattendue mais excellente du "Poupée de Cire, Poupée de Son" de Gainsbourg chanté avec conviction par une Régine en petite robe bleue. Arcade Fire nous quitte sur "Wake Up" pour lequel Win Butler demande la collaboration du public, ce que ne saurait lui refuser une foule conquise et désireuse de prolonger au maximum ces instants de magie ... Notez qu'un compte-rendu plus complet et spécifique à ce concert est disponible ICI. Pour la dernière fois de ces deux jours de fête, on assiste au ballet des techniciens démontant et remontant le matériel sur scène. Celui de James Murphy, leader de LCD Soundsystem, est installé tout au bord de la scène et prend très peu de place ... On a l'impression que la scène est dix fois trop grande pour lui ! Son groupe se met en place puis James Murphy arrive, T-shirt blanc sur pantalon blanc, et attaque sur l'excellent "Us v Them" de son dernier album Sound of Silver. Aussitôt, la ferme des Valettes se transforme en gigantesque dance-floor. Il est plus d'une heure du mat', ça fait sept heures que nous sommes là, debout à écouter de la musique, mais nos jambes trouvent encore des ressources pour danser sur les rythmes irrésistibles de l'Américain. Une belle part est réservée aux titres du dernier album mais les singles imparables que sont "Daft Punk Is Playing At My House", "Tribulations", "Movement" et "Yeah" ne sont pas oubliés. LCD Soundsystem achève son concert sur le génial "New York, I Love You But You're Bringing Me Down" et clôture cette première édition de la Garden Nef Party. Nous ne pouvons terminer cet article sans mentionner l'excellente organisation de ce festival, le plaisir que nous avons pris à y participer, louer encore une fois la qualité de la programmation et espérer qu'elle se maintienne à ce niveau. Longue vie à ce nouveau festival et rendez-vous l'an prochain ! Site de la Garden Nef Party. SLB |