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Phoebe Killdeer - Interview

12 mars 2008 - Photos : Pascal Codron


Phoebe Killdeer

Dans quelques jours sort Weather's Coming, le premier album de Phoebe Killdeer. La chanteuse australienne, révélée au grand public par le projet Nouvelle Vague, a toujours souhaité écrire ses propres morceaux, chanter ses propres chansons. Le succès de Nouvelle Vague lui en a donné la possibilité. Weather's Coming a été enregistré à Paris et est produit par Marc Collin, l'un des deux créateurs (avec Olivier Libaux) du projet Nouvelle Vague. Rencontre avec la jeune femme dans les locaux de son label, The Perfect Kiss...

01audio-video : A priori, les morceaux de Weather's Coming ont été enregistrés en 2006...
Phoebe : Attends, laisse-moi réfléchir... A peu près oui. Il y en a de 2006 et de 2007...
01audio-video : Et pourquoi l'album ne sort-il que maintenant ?
Phoebe : C'est le temps qu'a pris tout ce qu'il y avait à finir : mixage, mastering, tout ce qui est artwork... Après, il y a eu aussi toutes les questions marketing pour décider de la meilleure période de sortie, organiser la promotion sur internet, ce genre de choses...

01audio-video : Que signifie le titre de l'album ?
Phoebe : Weather's Coming, c'est une expression anglosaxonne pour dire qu'il va se passer quelque chose. On ne sait pas quoi, mais quelque chose va arriver...

01audio-video : La production de l'album a été confiée à Marc Collin de Nouvelle Vague. C'était un choix ?
Phoebe : Oui, c'était un choix de ma part. C'était le premier producteur avec qui j'ai travaillé et qui ait laissé beaucoup de place à mes idées. Toujours très ouvert pour tester différentes choses... Par exemple, je tenais à faire figurer un certain nombre de morceaux très divers, dans l'ambiance et l'atmosphère, sur l'album, choix pas forcément évident et lui, était d'accord. Et musicalement, je trouve qu'il est très doué, surtout avec les ambiances, il est capable de donner une certaine atmosphère à chaque morceau... Toutes ces raisons et le fait aussi qu'on s'entende très bien ont fait que c'est à lui que j'ai voulu confier la production de Weather's Coming. En plus, il travaille très vite, ce que j'aime bien. On a pu enregistrer les titres rapidement et c'était bien pour moi car je portais certains de ces morceaux depuis longtemps...

01audio-video : Vous êtes australienne mais ... élevée en France ...
Phoebe : Exact ! Elevée en France puis après, j'ai passé de nombreuses années en Angleterre mais mes parents sont australiens, de Melbourne...

Phoebe Killdeer Phoebe Killdeer


01audio-video : Qu'est-ce que vous écoutiez comme musique quand vous étiez adolescente ? Qu'est-ce qui vous a influencé ? Quand on écoute votre album, on a l'impression que vous avez été fortement influencée par de la musique américaine...
Phoebe : Oui, c'est vrai... Quand j'étais petite, ma mère jouait beaucoup de musique à la maison et, en particulier, elle jouait beaucoup de Tom Waits ou du Nick Cave, qui est australien mais qui a un univers très américain. Sinon, après j'ai écouté des choses très éclectiques... beaucoup de rock, les Rolling Stones, Kate Bush mais aussi Yma Sumac que je trouve géniale... Tu vois, c'est assez divers parce qu'Yma Sumac, c'est plutôt le style rumba des années 30 ou 40 avec des orchestrations incroyables. Il y a eu vraiment un mélange de styles. En fait, vers 9/10 ans, j'écoutais de la musique toute la journée... Après je me suis également intéressée à l'histoire de certains artistes, aux paroles des chansons... Patti Smith m'a beaucoup marquée, je trouve ce qu'elle fait très poétique... Je ne sais pas si moi je mets beaucoup de poésie dans les paroles de mes chansons mais, j'attache beaucoup d'importance aux mots... Vers 15/16 ans, j'ai aussi fait un tour du côté du funk, du hip-hop, j'ai écouté de la soul... J'ai un peu cherché à faire le tour de ce qui existait mais maintenant, je crois que je suis revenue à ce que j'aimais quand j'étais très jeune...
01audio-video : Entre autres, Yma Sumac et Tom Waits...
Phoebe : Oui

01audio-video : A quel moment tu as pensé à faire de la musique ton métier ?
Phoebe : En fait, quand j'étais ingénieur du son à Londres, j'ai participé pendant des années à des open mic sessions, plutôt dans le genre hip-hop ou soul et puis, il y a à peu près 5 ans, je me suis dit qu'il fallait faire un choix. J'ai donc commencé à faire les choses sérieusement, écrire, composer...
01audio-video : C'est à ce moment là que tu as arrêté ton boulot d'ingénieur du son ?
Phoebe : Non, j'ai continué encore quelque temps. D'abord parce que j'adorais ça et que ça m'apprenait aussi des choses pour composer de la musique et puis aussi parce qu'au départ, je n'en vivais pas...
01audio-video : Donc, cette décision de faire de la musique date d'il y a environ 5 ans ... pas de l'adolescence ...
Phoebe : Non, non, non, pas du tout. Jamais, je ne me suis dit "je veux être chanteuse". D'ailleurs, encore aujourd'hui, j'ai du mal à dire, quand on me demande ce que je fais, que je suis chanteuse. Il me faudra peut être encore 5 ans pour m'y habituer (rires). En plus, ça n'est pas la seule chose que je voudrais faire... Je suis très attirée par la musique de films, la relation entre le mouvement et le son, la danse, les films... Oui, j'aimerais beaucoup m'orienter vers la musique de films en fait...

01audio-video : A propos de Tom Waits, l'album a été mixé à San Francisco au studio Prairie Sun, par Oz Fritz, l'ingénieur du son de Tom Waits... Tu peux développer un peu ?
Phoebe : L'album a été enregistré ici, à Paris, dans le studio de Marc Collin. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il a été enregistré très vite et en le réécoutant, je n'étais pas satisfaite des sonorités, du grain des chansons... Je voulais un certain son, avec une certaine épaisseur que je ne retrouvais pas là. J'ai donc cherché dans mes disques favoris... Sur le Mule Variations, de Tom Waits, je trouve le son incroyable ! C'est vivant, ça respire... Quand tu écoutes ce disque au casque, ça t'emmène complètement ailleurs. On a donc contacté Oz Fritz et on lui a envoyé les maquettes de Weather's Coming. Il a tout de suite été intéressé, ce qui m'a fait très plaisir, et donc ... ça s'est fait. Je suis partie là-bas pendant une dizaine de jours pour mixer l'album avec lui et, ça a été fantastique, une de mes meilleures expériences, musicalement parlant, de ces dix dernières années !
01audio-video : Au niveau du résultat, tu as obtenu ce que tu voulais ?
Phoebe : Ah oui, complètement et même plus encore... Déjà au niveau du lieu, c'était assez extraordinaire ce studio dans une ferme, isolée au milieu de nulle part, avec des personnages haut en couleur, que des caractères, vraiment... Et le matériel de studio, que du vintage, des machines extraordinaires qu'il fallait laisser respirer... En fait, c'était marrant parce que c'était elles qui imposaient le rythme de travail. C'était fantastique ! Oz Fritz a vraiment donné vie à l'album. Je lui dis bravo, sincèrement !

01audio-video : Tout à l'heure tu parlais de ton attachement aux mots... Quand tu écris tes chansons, c'est difficile ou ça vient spontanément ?
Phoebe : Ça dépend... Il n'y a pas de règles. S'il y en avait, ce serait plus simple (rires) ! Certains morceaux viennent très vite et pour d'autres, je dois y revenir plusieurs fois. Parfois, c'est tout à fait inattendu, je suis au lavomatic et hop, j'ai une idée ! Il me faut un papier et un stylo, tout de suite ! J'écris parfois des trucs sans savoir d'où ça sort, j'agis comme une antenne qui capterait des pensées...

Phoebe Killdeer Phoebe Killdeer


01audio-video : Et au niveau de la musique, est-ce que ça vient facilement ? Il y a des musiciens qui cherchent pendant des heures, qui ne sont jamais satisfaits du son qu'ils obtiennent et qui reviennent 100 fois dessus... Est-ce que c'est comme ça ?
Phoebe : Les mélodies, tu peux les chanter, les fredonner n'importe où et comme pour les paroles, ça vient parfois de nulle part. Trouver une mélodie, ça n'est pas un problème mais une fois que j'ai la mélodie, pour mettre en place l'instrumentation, pour moi, ça c'est beaucoup de travail. Je ne joue pas réellement d'instrument, je fais tout à l'oreille donc ça me prend longtemps. Je prends ma guitare, j'essaie un son, un autre, ça s'apparente à de la construction et nécessairement, ça n'est pas très fluide. Cette partie là, pour moi, la retranscription de la mélodie que j'entends, c'est vraiment du travail.
01audio-video : Mais au delà du problème de retranscription, est-ce que tu reviens beaucoup sur ce que tu as fait ?
Phoebe : Si j'ai obtenu le son que j'entends dans ma tête et trouvé l'instrument qui va bien, souvent la première prise est la bonne. C'est celle qui capte le mieux l'idée que tu as eu... Evidemment, tu peux être perfectionniste et ne jamais en finir, perfectionniste de façon exagérée, je veux dire parce que je suis moi même perfectionniste mais la recherche de la perfection, c'est un peu sans fin... Le résultat que tu obtiens, il est parfait mais uniquement pour toi et pour personne d'autre...
01audio-video : Tu privilégies la spontanéité et donc, pour toi, il y a une fraicheur dans la première prise que tu ne retrouves pas si tu en fais plusieurs...
Phoebe : En fait, au départ, j'ai passé des journées en studio à faire des centaines de prises de voix et à la fin, je me suis rendue compte que c'était toujours la première ou la deuxième que je gardais... J'ai donc retenu la leçon !

01audio-video : Ton boulot d'ingénieur du son, ça t'a apporté quoi ?
Phoebe : J'ai fait ça pendant 7 ans. Je travaillais dans un club à Londres où des groupes se produisaient tous les soirs. J'ai donc vu passer des dizaines de groupes, du monde entier et de tous horizons musicaux. Je pense que j'ai appris beaucoup musicalement et aussi sur le plan scénique...

01audio-video : Justement, toi, tu as une réputation plutôt flatteuse de ce côté là. A chaque fois, lors de tes concerts, on lit des commentaires du genre, prestation extraordinaire ... Cela vient de cette expérience à Londres ou, est-ce que ça a été travaillé ?
Phoebe : Depuis très jeune, je fais de la danse. J'ai fait partie d'une compagnie de danse contemporaine et j'ai tourné avec pendant 5 ans donc, j'ai déjà eu un rapport à la scène assez important. Cela ne m'est pas totalement inconnu... Après, la présence scènique, je pense que ça dépend des personnes ... Je ne suis pas sûre que ce soit quelque chose que l'on puisse travailler réellement. On peut travailler son instrument ou la relation avec le public mais ça, je ne sais pas ... Un truc qui m'avait marquée quand je travaillais à Londres, c'est que de nombreux groupes montaient sur scène, reproduisaient leurs disques puis repartaient... Ils n'apportaient rien par rapport aux CD et ça, c'est ce que je ne veux pas faire ! Je veux que notre live ne ressemble pas au disque. La scène, c'est un univers différent et c'est l'occasion de donner une autre vie aux morceaux. Les artifices que tu as apportés en studio, tu ne peux plus les faire en live mais tu as d'autres libertés. Il faut en profiter pour transformer ta musique... Je pense que nos prestations live sont très différentes du CD, il y a beaucoup plus d'énergie par exemple mais il y a aussi l'aspect visuel qui est non négligeable... En tous cas, pour moi, ce côté visuel est très important.

01audio-video : Et l'expérience avec Nouvelle Vague, ça t'a apporté quoi ?
Phoebe : Beaucoup, beaucoup de choses. J'ai fait 3 ans de tournées avec eux et ça, c'est irremplaçable... Tu joues live constamment, devant un public nombreux, ce que tu n'as pas forcément quand tu débutes. Les gens ne te connaissent pas donc ils ne viennent pas te voir alors qu'avec Nouvelle Vague, qui est connu et a eu beaucoup de succès, j'ai eu accès tout de suite à un public. Ça a été une grande expérience pour moi, surtout du point de vue scénique... Cela m'a sûrement apporté d'autres choses aussi mais je n'ai pas assez de recul pour m'en rendre bien compte pour l'instant.

01audio-video : Là, tu entames une tournée pour la promotion de Weather's Coming avec un passage au Nouveau Casino le 26 mars, le Printemps de Bourges et de nombreuses autres dates mais est-ce que tu as d'autres projets ?
Phoebe : Oui... Il y a des projets que j'avais démarrés il y a un moment, avant même Nouvelle Vague. J'avais un projet de musique électronique avec Nick Phillips, qu'on avait appelé True Stories, très, très différent de ce que j'ai fait sur l'album et qui sortira un jour, j'espère... Mais, bon pour l'instant, je me concentre sur le projet solo, la tournée, le deuxième album...
01audio-video : Tu penses déjà au deuxième album ?
Phoebe : Oui, oui, j'ai déjà commencé à écrire... Comme tu le disais au départ, les morceaux de Weather's Coming ont tous au moins un an, certains davantage... Pour moi, c'est presque de l'histoire ancienne. C'est d'ailleurs assez bizarre de faire aujourd'hui la promotion de quelque chose qui a déjà un an, surtout quand on est déjà passé à autre chose...

PC & SLB

Site de Phoebe Killdeer



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