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Quelques éléments biographiques

Originaire des Yvelines (France, 78), Sébastien Schuller a aujourd'hui la trentaine et sort son 1er album (format LP), "Happiness", après un maxi, "Weeping Willow", paru en 2002 et qui avait enchanté la critique. Magic n'avait pas hésité alors à qualifier "Weeping Willow" de plus belle chanson de l'année. Cet accueil sympathique plaçait la barre très haut pour l'exercice autrement plus difficile que constitue l'écriture d'un album complet. On peut faire un excellent single mais de là à réitérer sur la longueur ... de nombreux groupes n'y sont jamais parvenu. Rien d'impossible pour Sébastien Schuller qui a tranquillement relevé le défi et transformé l'essai ! Résultat : Magic place d'emblée "Happiness" en album du mois et Les Inrocks ne tarissent plus d'éloges ! Capitol qui l'a laissé partir pour le label Catalogue va s'en mordre les doigts...

De formation classique, Sébastien Schuller se tourne vers la pop assez vite, y trouvant plus d'attraits, et touche un peu à tout. Aujourd'hui multi instrumentiste, il a composé son album en quasi solitaire et en grande partie chez lui, en région parisienne. Nous avons interrogé le phénomène...

Site : www.sebastienschuller.com - Genre : Pop/Electro - Label : Catalogue (www.catalogue-records.com)


Interview réalisée en Février 2005 à l'occasion de la sortie de Happiness

Nous vous remercions d'avoir bien voulu répondre à nos questions en ce moment de surchauffe où vous devez être particulièrement sollicité.

Q. : Pouvez-vous vous présenter un petit peu ? Sébastien Schuller, c'est qui ?

R. : Que dire de plus que ce qu'il y a dans la bio ...


Q. : Vous êtes de formation classique (percussionniste) : qu'est-ce qui a déclenché ce désir de passer à la pop ?

R. : Quand je jouais de la musique classique, je n'en écoutais pas chez moi, j'étais déjà passionné par la pop, la new wave ...


Q. : Vous faites presque tout tout seul : pourquoi ? Est-ce par plaisir, par désir de tout contrôler, par manque de moyens (au moins au départ), ... ?

R. : C'est surtout par manque de rencontres. On prend l'habitude de travailler seul ... Pendant longtemps, j'ai cherché le guitariste ou la voix qui viendraient compléter mes compositions. Mais au bout d'un moment, je me suis rendu compte que je pouvais tout faire seul. De toutes façons, dés mes premiers morceaux, j'entendais ce que devaient faire tous les instruments. Maintenant, je joue avec un bassiste et un guitariste depuis 6 ans et on retrouve ensemble un plaisir de groupe.


Q. : La hype est phénoménale en ce moment. Les Inrocks vous gratifie d'une critique élogieuse, Magic place "Happiness" carrément en album du mois et partout les critiques pleuvent plus laudatives les unes que les autres. Ça fait quoi d'être d'un seul coup projeté sous les feux de la rampe quand on a passé des mois, seul dans son coin, sur un projet ? Ça fait plaisir ? Ça fait peur ?

R. : Plaisir, bien sûr ... mais il ne faut pas s'endormir là dessus. Il faut travailler la suite. Faire de bons concerts et continuer à composer.


Q. : Quand on lit les différentes critiques consacrées à votre album, des références comme Radiohead, Air, voire Pink Floyd, les Beatles ou encore Robert Wyatt sont citées. On peut rêver pires comme comparaisons ... mais vous, vous reconnaissez-vous dans ces influences ?

R. : Pink Floyd et Radiohead, j'aime beaucoup et j'ai aussi beaucoup écouté. Mais je ne pourrais pas résumer l'ensemble de l'album à une influence car pour chaque titre, se croisent plusieurs idées : des morceaux, des films, des rêves ou des histoires ...


Q. : Qu'écoutait Sébastien Schuller dans son adolescence ?

R. : De la New Wave (Depeche Mode, Tears for Fears, Orchestral Manœuvres in the Dark ...), Specials, ... Enfant, j'écoutais la musique de mes frères et sœurs (Supertramp, Neil Young, King Crimson, Genesis, Pink Floyd, ...)


Q. : De qui vous sentez-vous proche sur la scène Française actuelle ?

R. : M83, Syd Matters, Daniel Darc ... mais je crois qu'on a des personnalités musicales differentes.


Q. : On a souvent décrié la musique en France et déploré qu'il n'y ait pas de bonne pop, laissant aux Anglais un certain monopole. Aujourd'hui, on a l'impression que ça bouillonne : des gens comme vous, Syd Matters, Air, Mellow, M83, 3 Guys Never In, Los Chicros, … sortent des albums de très grande qualité. Ça crée une émulation, une compétition ou vous ne vous en souciez pas ?

R. : Il y a simplement un respect mutuel. En tout cas, pour ceux que je connais.


Q. : Après la sortie de l'album, vous allez souffler un peu ? Faire de la promo ? Entamer une tournée ?

R. : Finir le site, un clip pour Western Willow puis préparer des concerts et ... un autre album.


Q. : Lorsque vous jouerez votre album en concert, vous ne pourrez pas tout faire vous-même : avez-vous déjà constitué un groupe pour la scène ?

R. : Il me reste à trouver 2 musiciens.


Q. : Qui pourra-t-on voir ?

R. : Richard Cousin à la basse et Evan Evans à la guitare et aux claviers.


Q. : Comment se passe le processus créatif chez Sébastien Schuller ? Comment est élaboré un morceau ?

R. : Il n'y a pas qu'une seule méthode mais je commence souvent par créer des sons qui m'ouvrent rapidement sur une mélodie ou alors je chante avec une guitare ou un clavier.


Q. : L'écriture se fait-elle dans la douleur ?

R. : Disons plutôt dans le soulagement ...


Q. : Avez-vous connu des moments de découragement avant de finaliser l'album ou bien les bonnes critiques qui avaient accueilli la sortie du maxi "Weeping Willow" en 2002 vous avaient-elles donné l'énergie suffisante ?

R. : Je me suis senti parfois au bord du gouffre pour des raisons personnelles mais j'ai gardé la passion, le besoin de finir cet album !


Q. : Votre famille vous a toujours soutenu dans vos projets ou cela a-t-il été un combat ?

R. : Ils m'ont toujours soutenu. Dans ma famille, l'art a toujours été très present pour tous ... j'ai une sœur qui est actrice de théâtre.


Q. : Que faites-vous quand vous ne travaillez pas ? Avez-vous des hobbies qui n'ont rien à voir avec la musique ?

R. : Le cinema mais il y a un rapport direct ...


Q. : Vous arrivez dans la cour des grands, en fanfare, alors qu'on entend sans arrêt les maisons de disques se plaindre de leur santé : vous en pensez quoi ?

R. : Si elles sortaient des projets plus intéressants, leur santé serait peut être moins en danger.


Q. : Que pensez-vous du téléchargement illégal de musique sur Internet ?

R. : C'est un moyen de découvrir ... beaucoup de personnes qui téléchargent achètent plus de disques, découvrent plus d'artistes ... mais par respect de l'artiste, je trouve ça bien d'acheter le disque si on l'aime. Quand j'adore un album, je veux avoir le livret entre les mains, voir tous les détails de l'objet.


Q. : Pensez-vous que cela puisse nuire aux artistes autant que les majors le disent ?

R. : Je pense que les ventes baissent malgré tout et on a du mal a savoir de combien. Le problème, c'est qu'en dehors du peu d'argent que te rapporte un disque au départ, les ventes servent aussi à convaincre ta maison de disques de te produire un autre album, les tourneurs pour les concerts ... Donc, oui, ça peut sûrement nuire aux groupes en développement.


Q. : Quelle serait, selon vous, la solution à ce problème ?

R. : Il faut peut être proposer des disques qui donnent envie d'acheter, y inclure pourquoi pas, des videos et, surtout que les gens prennent conscience de leur acte : des artistes ne feront peut être pas d'autres albums s'ils doivent trouver un autre moyen pour payer leur loyer.


Q. : Pour revenir à vous, Sébastien Schuller est-il un homme heureux aujourd'hui ? Avez-vous réalisé les rêves qui vous animaient lorsque vous avez choisi ce métier ?

R. : Il m'en reste encore beaucoup ... un premier vient de se réaliser ...


Q. : Une page vient-elle de se tourner avec la sortie du disque ou au contraire, est-ce le début de quelque chose ?

R. : Une page se tourne effectivement mais je crois au fil conducteur de nos vies. Je me suis acheté ma premiere guitare électrique l'année dernière et c'est sûr que ça risque d'être une influence pour la suite !


Q. : Quels sont vos projets à long terme ?

R. : M'acheter une caméra ...


Q. : Si vous vouliez faire passez un message, que diriez-vous ?

R. : Un nouveau rapport de l'European Climate Forum et du Postdam Institute for Climate Impact Research (PIK) pose la question de savoir ce qu'est le "changement climatique dangereux" (Voir le site de Greenpeace).


Q. : Votre playlist favorite ?

  • Talk Talk : Laughing Stock
  • Radiohead : OK Computer
  • Depeche Mode : Violator
  • Sigur Ròs : ( )
  • The Cure : Standing on a Beach



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