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Home > Musique > Chroniques CD > Jean Louis Murat - A Bird on a Poire (2004)


      Françoise Hardy - Tant de belles choses    Site : www.jlmurat.com - Genre : Pop - Label : Labels (www.labels.tm.fr)

Quelques 10 mois après la sortie d'un double album (!!), J.L. Murat remet ça avec A Bird on a Poire. Qu'est-ce qui fait courir Murat ? Qu'est-ce qui a bien pu déclencher cette boulimie de travail qui nous vaut la sortie d'un nouveau Murat à peine les cendres du précédent refroidies ? Interrogé sur cette frénésie, l'intéressé joue le modeste en rappelant que les Beatles, en leur temps, sortaient un album tous les 6 mois ... On peut avancer deux hypothèses parmi tant d'autres. En ayant un turnover aussi rapide, Murat a davantage de chance d'attirer l'attention et d'occuper une place dans les media, condition sine qua non, de nos jours pour vendre et donc continuer d'exister ... Autre possibilité, qui semble également plausible, au vu des interviews que l'Auvergnat accorde de-ci de-là, J.L. Murat s'est rendu compte que le compteur tournait et, comme tout le monde à partir d'un certain âge, s'est dit qu'il n'y avait plus de temps à perdre ... Ces deux hypothèses n'engagent que moi et sont peut être complètement foireuses mais elles peuvent aussi recéler une petite parcelle de vérité. En tous cas, les fans de J.L. Murat, dont je suis, ne se plaindront pas de cette production abondante. Que nous vaut ce nouveau crû ?

Au 1er abord, l'impression est favorable : la pochette est cool, beaucoup plus gaie que celle un peu glauque de Lilith. La collaboration avec Fred Jimenez (ex AS Dragon), initiée pour Le Moujik et sa Femme (2002) tient toujours et est même officialisée puisque le gaillard a les honneurs de la pochette. Egalement présente au générique, Jennifer Charles (chanteuse du groupe Elysian Fields - elle avait déjà participé à l'album Mustango en 1999) qui figure aussi en bonne place sur la pochette. Avant même de poser l'objet sur la platine, on se dit chouette, avec une telle distribution, on tient un grand disque !

La première écoute est assez décevante. Le format est très pop (40 minutes seulement pour 12 titres donc aucun ne dépasse les 4 mn) et culmine avec un titre comme "Mashpotétisés", dont on se demande ce qu'il fout sur un album de Murat. Même si ce titre comporte en ses paroles une critique - un peu facile d'ailleurs - sa musique est si agaçante qu'il ne nous arrache même pas un sourire ... C'était sûrement le but (de faire un album pop) - ceci cadre d'ailleurs avec la 1ère hypothèse énoncée plus haut, Murat veut toucher le grand public - mais on n'est pas habitué. Autre constatation : les choeurs sont omniprésents et assez souvent pénibles. Enfin, Jennifer Charles, qu'on aime beaucoup dans son groupe, s'avère ici envahissante. Elle chante en effet sur plus de la moitié des titres, dans un français à l'accent si déconcertant qu'il en rend délicat la compréhension des paroles.

Voilà pour les critiques : un peu dures à écrire pour un fan de la première heure qui a rarement été déçu par un disque de J.L. Murat, mais là, le choc a été rude ! J'avais encore dans l'oreille les sublimes morceaux de Lilith ... J'ai lu quelque part que, l'ennui avec Murat, c'était qu'on était jamais surpris et que c'était toujours du Murat ... là, je ne suis pas d'accord et à plusieurs niveaux. Primo, que Murat fasse toujours du Murat quand c'est pour nous offrir des joyaux comme Mustango, Le Moujik et sa Femme ou Lilith pour ne citer que les plus récents, on ne peut qu'applaudir et en redemander encore et toujours. Deuxio, qu'on ne soit jamais surpris, c'est faux : un disque comme Madame Deshoulières (2001) est surprenant (et intéressant), un disque comme A Bird on a Poire est surprenant mais décevant. On espère que ceci n'est qu'un accident de parcours et que Murat n'a pas pris, dans son désir de plaire davantage au grand public, un virage trop décisif. En cherchant des explications et des circonstances atténuantes, on se dit qu'après un album aussi dense et tendu que Lilith (23 titres et près de 100 mn), Murat s'est accordé une récréation, sans doute méritée, une parenthèse pop sans conséquence. On se dit aussi que c'est peut-être dû aux musiques, toutes signées Fred Jimenez alors que ça n'était pas le cas jusqu'à présent puisque J.L. Murat les faisait lui même laissant à F. Jimenez le soin de peaufiner les arrangements. Bref, on cherche ce qui a changé.

Pour être juste, une fois remis de la déception et après plusieurs écoutes, il y a de très bonnes choses sur cet album. 12 titres comme "Gagner l'aéroport", "Elle était venue de Californie", "Petite luge" ou "L'anéantissement d'un coeur" nous auraient comblé. Des morceaux comme "Mirabelle Mirabeau", "Le temps qu'il ferait", "French kissing" ou "Une orgie de sainteté" sont agréables une fois qu'on s'est habitué à la prononciation de Jennifer Charles et "Monsieur craindrait les demoiselles" est rigolo. "A bird on a poire" se laisse écouter. On a plus de mal avec "Tu n'auras pas le temps" mais c'est le titre le plus court de l'album et on fait carrément la grimace avec "Mashpotétisés".

Finalement, si on fait les comptes, il n'y a réellement que 2 titres (sur 12) qui nous déplaisent ... ça n'était pas la peine d'en faire une histoire : un Murat un peu faible c'est quand même mieux qu'autre chose, non ? Allez remets-moi l'album sur la platine ... Sans rancune Jean Louis et vivement le prochain !



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