One, sixième album studio de Patrice, s'ouvre sur "The Maker", une superbe ballade lascive, nappée de cordes sublimes, des cordes enregistrées à Londres sous la houlette de Izzi Dunn par l'orchestre féminin Demon Strings. En quelques minutes, Patrice nous ensorcelle de sa voix magique qui fait penser tantôt à celle d'Horace Andy, tantôt à celle de Prince, et nous captive avec ce mélange de soul et de trip-hop, synthèse parfaite du "Who's Gonna Save My Soul" de Gnarls Barkley et du "Man Next Door" de Massive Attack. On ne connaissait absolument pas Patrice avant de poser ce CD sur la platine mais cette excellente entrée en matière force le respect et donne envie de poursuivre l'écoute avec gourmandise...

Outre la beauté de bon nombre de titres, ce qui frappe à l'écoute de One, c'est le talent de Patrice à associer des genres, marier des styles qu'on pensait mal assortis, et ceci parfois au sein d'un même morceau. Sur "10 Man Down", un reggae très ska fleurte avec une électro à la Madonna/Mirwais tandis que le funk n'est jamais bien loin. Sur "Kingfish", c'est un blufunk que l'on croirait tout droit sorti d'un album de Keziah Jones. Les percus, mixées très en avant, impriment une rythmique afrobeat qui sonne comme du Fela Kuti. Dans "Situation", soul, électro et psychédélisme font bon ménage. Sur "Knockin", une intro folk acoustique laisse la place à une ballade pop hantée, par-ci, par-là, par l'esprit de Kurt Weill et tout à coup zèbrée d'une tirade hip-hop... Comme on le voit, Patrice n'est pas homme à se cantonner à un seul genre. Comme il le dit lui-même, ce qui l'intéresse c'est de "marier les extrêmes". Mission réussie avec brio : One est parfaitement éclectique sans jamais donner l'impression d'un collage décousu. Cohérent de bout en bout, il aligne treize plages sans faiblesse notable. Mention spéciale aux exceptionnels "The Maker", "Knockin", "Situation" et "Walking Alone". On ne s'en lasse pas ! Mais "Kingfish", "10 Man Down" ou "Nobody Else's" tiennent également sacrément la route...

Partager

Tweet