L'album s'ouvre sur "Learning", le morceau qui donne son nom au disque. La voix du jeune homme qui se cache derrière Perfume Genius est fragile, presqu'enfantine, lointaine car légèrement filtrée. Le piano est omniprésent. Il s'avérera d'ailleurs le principal fil conducteur de ces dix chansons. On encaisse avec étonnement cette ritournelle hors du temps, loin, très loin des codes musicaux actuels et des modes branchées. "Lookout, Lookout" enfonce le clou. C'est incroyablement triste ce que chante ce garçon mais on reste à l'écoute, captif de cette beauté vénéneuse, distillée note à note, véritable perfusion de désespoir...

Avec Learning, premier album et authentique journal intime, Mike Hadreas, alias Perfume Genius, ouvre son coeur et ses veines. Le flot qui en jaillit est un sang noir qui ne sèche jamais mais se mue en une encre dessinant des mots, des mots qui s'agglutinent et s'unissent en autant de petits poèmes. Et, par delà les cieux, la voix plaintive de l'ange Hadreas nous arrive, accompagnée d'un piano céleste, pour nous les faire partager. Le motif mélodique est en apparence très simple, souvent répétitif, comme si l'essentiel était ailleurs... Dans ces textes déchirés et parfois hermétiques, dans cette mélancolie omniprésente, dans cette beauté éthérée.

Et si sur "Gay Angels", "No Problem" ou "Never Did", le piano se fait davantage synthé, l'ambiance plus atmosphérique et la voix chuchotements, cela ne rompt en aucun cas la tonalité générale de Learning. Les ballades désenchantées se transforment simplement en complaintes électro et maladives. Les lamentations de Perfume Genius vous feront peut-être fuir. Ce serait dommage... Ne serait-ce qu'un instant, laissez-vous bercer par les perles noires que sont "Lookout, Lookout" et son piano addictif, "Mr. Peterson" et son texte effroyable mais poignant, "You Won't B Here" et son émotion palpable ou encore "When", un poème de Sharon Olds qui résonne comme une marche funèbre portée par les orgues...

Learning est un disque court mais qui va à l'essentiel. En moins de 30 minutes, Mike Hadreas nous tient en haleine, faisant de nous des voyeurs de son intimité dévastée. On attend la suite avec impatience...

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