Les Second Sex commencent à arpenter les petites scènes parisiennes en 2004. Leurs concerts, véritables concentrés d'énergie brute (le Raw Power comme diraient les Stooges), de sauvagerie contrôlée et de chansons un peu provocatrices déclenchent l'hystérie parmi un public d'adolescents en quête de sensations fortes. Le groupe joue alors régulièrement aux côtés des Naast et autres Plastiscines, toute cette scène rock française à laquelle les media se sont empressés d'accoler le qualificatif de bébés rockers. Outre ce que cette dénomination a de ridicule, il était un peu hâtif de coller les Second Sex dans le même panier que ces autres formations... D'une part, les Second Sex ne font pas dans le yé-yé réchauffé, leur coeur bat plutôt du côté anglo-saxon avec des influences à rechercher auprès de groupes comme les Strokes, les White Stripes ou les Arctic Monkeys et d'autre part, ils ont démontré un caractère plus mature. En attendant quatre ans avant de sortir leur premier album, ils ont évité l'écueuil de la facilité et nous ont épargné un disque nécessairement bâclé. En prenant leur temps, ils ont pu faire évoluer leurs textes et affiner leur son. Résultat ? Un Petite Mort qui tient la route...

L'album a été enregistré à Stockholm et c'est Pelle Gunnerfeldt, le producteur des Hives, qui est aux manettes. Le groupe est ainsi en de bonnes mains et pas étonnant donc que Petite Mort soit un album puissant, au son percutant, mêlant rock garage hargneux et power pop. Les seize titres ne sont pas tous d'égale qualité, certains datent d'ailleurs de leurs débuts ("Mon Autre Côté", "Fille Facile") et peuvent peut-être prêter à sourire, mais on ne peut leur retirer une certaine efficacité. L'urgence, l'énergie qui se dégagent de la plupart des morceaux, leur intensité brute sont autant d'atouts que l'on salue bien volontiers. On n'oubliera pas non plus de mettre l'accent sur des rythmiques impeccables et des guitares flamboyantes, tantôt ravageuses ("I'm Ready"), souvent rageuses et tranchantes ("21 Grammes", "Lick My Boots", "Le Monde Est Silencieux") parfois tout simplement belles sur un "Heart Attack" (quelle intro) d'obédience Strokes, un excellent "I'm Waiting", rugueux et sensuel, ou le quasi parfait "We Lost Control", rock garage puissant qui ouvre l'album.

On l'aura compris, j'ai un faible pour les titres en anglais mais chaque morceau en français trouve sa place dans ce Petite Mort cohérent de bout en bout. Une excellente surprise.