Vendredi 2 Juillet. Les Eurocks 2010, c'est parti ! Pas mal de bonnes choses aujourd'hui... On a décidé de mettre l'accent sur The Dead Weather, bien sûr, The Dead Weather que l'on attendait avec impatience et qui a tenu toutes ses promesses, et sur Charlotte Gainsbourg dont c'était le tout premier festival sur le sol Européen. On ne pouvait pas manquer ça ! On aurait pu vous parler aussi de Kasabian, The Black Keys ou Hot Chip, autant de groupes dont on a bien aimé les prestations mais, il faut bien faire un choix ! Pour les autres artistes du jour, direction notre report général...

The Dead Weather
On avait vu The Kills l'an dernier ici même mais sous le Chapiteau. On avait vu The Raconteurs et The Kills en 2008, le même jour à la Garden Nef... Ce soir, Alison Mosshart et Jack White partagent la même scène au sein de The Dead Weather. On n'a jamais vu le groupe en live. On est tout à la fois impatient et curieux de découvrir comment deux êtres aussi magnétiques que ces deux-là peuvent cohabiter. La féline VV va-t-elle éclipser un Jack White habitué à occuper tout l'espace ? Réponse en fin de concert...

Une clameur retentit : les Dead Weather investissent la scène. Jack White, T-shirt noir et chapeau haut de forme orné de deux plumes, s'installe derrière ses fûts. On dirait un héros Jarmushien. Vous vous souvenez de William Blake, ce personnage de Dead Man incarné à l'écran par Johnny Depp... Hé bien, ce soir, Jack c'est tout à fait ça. Alison Mosshart, clope entre les doigts, veste léopard, slim noir moulant et bottes de cuir, empoigne le micro. Dean Fertita, clavier chez les Queens of the Stone Age et sur les tournées des Raconteurs, est à la guitare et Jack Lawrence tient la basse comme chez les Raconteurs. Petite intro noise, silence puis la guitare attaque "60 Feet Tall", un titre du premier album, Horehound, qui hésite constamment entre ballade bluesy et heavy rock. Alison, tignasse de geai au vent, plus souple que jamais, feule, rugit, arpente la scène et se contorsionne. On est aux anges... S'ensuit un ravageur "Hang You From the Heavens" enchaîné sans temps mort. La rythmique est énorme et les guitares s'en donnent à coeur joie. Dans une belle ovation, Jack White quitte enfin sa batterie pour venir interpréter "You Just Can't Win", une reprise de Them époque Van Morrison. C'est lent et bluesy, la voix haute et écorchée de Jack fait des merveilles et c'est carrément génial.

Bon, on ne va pas passer en revue chacun des titres joués. Précisons simplement que la setlist est parfaitement équilibrée avec six morceaux de chaque album et deux reprises. On ne saurait cependant terminer sans évoquer encore deux titres... Le bien nommé "I'm Mad" et ses synthés complètement fous, d'abord. Alison Mosshart, l'oeil noir, les cheveux dans les yeux, est perchée sur un retour, à la limite de l'équilibre. L'instant d'après, elle balance son pied de micro dans la fosse, crache sur la scène et hurle à nouveau... Intensité garantie. Enfin, l'exceptionnel "Will There Be Enough Water" qui clôture la prestation. Jack a empoigné sa guitare. Alison lui fait face. Une chouette ligne de gratte en guise d'intro et ils entament un duo torride, partageant le même micro, les yeux dans les yeux. Sensuel et lent au départ, le morceau évolue vers un rock survitaminé, qui permet à Jack d'aligner les riffs dévastateurs, avant de se finir comme il a commencé. Enorme ! On peut le dire : le concert a tenu ses promesses.

Charlotte Gainsbourg
La foule massée devant le chapiteau est assez impressionnante. Apparemment, tout le monde ou presque veut voir Charlotte Gainsbourg. Il est vrai que son dernier album a bien cartonné et que Charlotte en live, c'est du jamais vu. Comme elle va le rappeller elle-même, c'est sa première tournée et même son tout premier festival sur le sol Européen.

L'ovation saluant l'extinction des lumières est énorme. Des hurlements accueillent Charlotte, T-shirt blanc, gilet et pantalon de cuir noirs. On attaque très naturellement sur "IRM" aussi névrosé que sur disque mais agrémenté ici d'un excellent final instrumental sur lequel la chanteuse martyrise une grosse caisse. Une bonne entrée en matière... Sans être une bête de scène, Charlotte Gainsbourg s'en tire à merveille.

La setlist tourne principalement autour d'IRM. Quelques chansons de 5:55 sont venues se greffer. Bizarrement, Charlotte n'en a retenu que des titres écrits par Jarvis Cocker. Enfin, des reprises complètent l'ensemble : le classique et mélancolique "Just Like A Woman" de Dylan qu'elle chante perchée sur un haut tabouret et qu'elle va devoir recommencer après s'être plantée, et deux morceaux de son père, "L'Hôtel Particulier" du mythique Histoire de Melody Nelson et "Couleur Café", en guise d'au revoir festif, que le public se fera une joie de reprendre à tue-tête en quittant lentement le chapiteau.

Pour ma part, j'ai particulièrement aimé "Me And Jane Doe", "Trick Pony", deux morceaux que j'aime beaucoup sur disque et qui prennent une belle dimension en live, "AF607105", très gainsbourien dans sa contruction et d'une délicatesse qui sied parfaitement à la jeune femme, et enfin, "Le Chat Du Café Des Artistes". Ce dernier, comptine décalée sur l'album, retrouve ici son côté sombre original grâce à une version très électro et des arrangements incroyablement variés revus pour le live.

Au final, mission accomplie pour Charlotte Gainsbourg qui a réussi haut la main son passage à la scène...

SLB

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