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Festival des Eurockéennes de Belfort

2,3,4 Juillet 2010 - Belfort - Photos : Pascal Codron

Eurockéennes 2010 - 2,3,4 Juillet 2010 - Belfort

Vingt-deuxième édition pour le festival rock organisé en Territoire de Belfort... Après une édition 2009 sous le signe du métal et du hip-hop, l'édition 2010 des Eurockéennes s'est voulue plus cosmopolite, affichant des genres musicaux qui, parfois, s’entrechoquent carrément. La pop colorée de Mika, le trip hop sombre et intense de Massive Attack, le rock acrobatique et souvent mégalo de The Hives (dont c'était l'unique date en France), le hip-hop de Jay-Z, le ska jubilatoire et communicatif de The Specials, le rock made in France signé BB Brunes, l'électro irrésistible de LCD SoundSystem, le hard rock pur jus d’Airboune s'étaient donné rendez-vous sur la presqu’île du Malsaucy. Mais on a pu voir également Martina Topley Bird, Emilie Simon, Charlotte Gainsbourg, The Dead Weather, Ghinzu, Julian Casablancas, Kasabian, Hot Chip, The XX, The Black Keys... Trois jours et quatre nuits qui ont vu défiler en tout près de 75 formations venues de tous horizons.

Compte-rendu non exhaustif de ce premier weekend de juillet en musique... Comme d'habitude, nous avions sélectionné chaque jour un certain nombre de concerts en fonction de nos goûts personnels ou de notre curiosité. En plus de ce live report général, vous trouverez des dossiers particuliers consacrés à nos coups de coeur quotidiens.


2 Juillet 2010 > BB Brunes     Hunger, Faccini, Watson     Dead Weather     Black Keys     Kasabian     Charlotte Gainsbourg     Jay Z     Hot Chip

3 Juillet 2010 > Broken Social Scene     Emilie Simon     Airbourne     The Specials     The XX     The Hives     Ghinzu

4 Juillet 2010 > Kid Bombardos     Martina Topley Bird     The Drums     Julian Casablancas     LCD Soundsystem     Mika     Massive Attack


2 Juillet 2010

Comme l'an dernier, il fait un soleil de plomb sur Belfort pour cette 22ème édition des Eurockéennes. Arrivés dix minutes trop tard pour l'accès photos au concert des BB Brunes, on zappe le reste du set pour aller faire un tour à l'espace Presse... Tant pis pour Adrien (pourtant torse nu) et sa bande qui s'offraient le premier concert des Eurockéennes 2010 sur la Grande Scène. Bon, comme on a déjà vu deux fois les BB Brunes en live depuis la sortie de l'excellent Nico Teen Love (dont le concert ultra hot à l'Olympia en février dernier), on devrait s'en remettre... D'autant que l'on croisera Karim et Bérald un peu plus tard et qu'ils accepteront très gentiment de prendre la pause pour notre objectif. On n'a pas tout perdu !

BB Brunes aux Eurockéennes 2010 : Karim et Bérald
Toutes les photos des BB Brunes aux Eurockéennes 2010


En attendant The Dead Weather, on va faire un petit tour du côté du Chapiteau pour voir ce que réserve la création avec chœurs et orchestre imaginée par Patrick Watson, Sophie Hunger et Piers Faccini. Chacun d'eux va interpréter ses propres chansons, parfois en duo ou avec la participation de l'un des deux autres. La grande originalité, c'est la réorchestration de ces morceaux que l'on croyait bien connaître et leur interprétation avec un orchestre et des choeurs. Ces deux ensembles ont été constitués avec les meilleurs élèves des écoles de musique de Belfort et de Delémont (Jura Suisse). On aura retenu, entre autres, le très beau "Monday's Ghost" de Sophie Hunger et l'incroyable "Big Bird In A Small Cage" de Patrick Watson. On quitte le chapiteau avant la fin du concert pour ne pas rater le set des Dead Weather...

Sophie Hunger aux Eurockéennes 2010    Piers Faccini aux Eurockéennes 2010

Patrick Watson aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de Patrick Watson, Sophie Hunger et Piers Faccini aux Eurockéennes 2010


On avait vu The Kills l'an dernier ici même mais sous le chapiteau. On avait vu The Raconteurs et The Kills en 2008, le même jour à la Garden Nef... Ce soir, Alison Mosshart et Jack White partagent la même scène au sein de The Dead Weather. On est curieux de découvrir comment deux êtres aussi magnétiques que ces deux-là peuvent cohabiter. Est-ce que la féline VV va réussir à éclipser un Jack White habitué à occuper tout l'espace ? Réponse dans quelques minutes... Et pendant que la foule afflue doucement vers la Grande Scène, une partie du public, chauffé par le soleil accablant et la bière qui coule déjà à flot, hurle "libérez Bob l'Eponge". Une ovation salue l'envolée vers le ciel de chaque ballon si bien que l'on croit à chaque fois que le groupe est là... Une nouvelle clameur retentit. On lève les yeux. Cette fois, ce sont bien les Dead Weather qui investissent la scène et envoient "60 Feet Tall ". Une heure plus tard, on peut le dire : le concert a tenu ses promesses. On vous raconte tout ça dans un report indépendant...

The Dead Weather aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de The Dead Weather aux Eurockéennes 2010


Retour vers le Chapiteau pour The Black Keys, duo blues rock très prolifique qui nous vient de l'Ohio. Brothers, le sixième album studio du groupe, dans les bacs depuis mai dernier, a rencontré un vif succès dès sa sortie, se classant directement en troisième position du Billboard 200 et s'écoulant à plus de 70000 exemplaires en une semaine. Pour chauffer le public, Dan Auerbach et Patrick Carney vont commencer par quelques titres d'albums plus anciens. On se retrouve en terrain connu avec "Thickfreakness" qui date de 2003, "Girl Is On My Mind" et "10 A.M. Automatic", singles de Rubber Factory, et "The Breaks" du tout premier disque. La rythmique est lourde, le son très bluesy. Le public réagit avec enthousiasme et chaque morceau est ovationné. On n'a pourtant encore rien vu... Avec "Everlasting Light", The Black Keys attaquent Brothers et les choses sérieuses. Pour l'occasion, ils ont invité deux potes qui amènent du renfort à la basse et au clavier. Dan Auerbach chante d'une voix de tête, le titre balance comme une chaloupe ivre, Patrick Carney cogne comme si sa vie en dépendait et le final est absolument dément ! "Next Girl" enfonce le clou, tout en intro noise et la saturation poussée à fond... Il n'y a pas à chipoter, The Black Keys a réellement fait chavirer le chapiteau ce soir...

The Black Keys aux Eurockéennes 2010    The Black Keys aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos des Black Keys aux Eurockéennes 2010


On traverse le site au pas de course vers la Grande Scène... Sur une intro de clavier assez planante, Kasabian fait son entrée. Le nom du groupe s'étale en lettres capitales, géantes et rouges en fond de scène. Si le combo British affiche un line up officiel de quatre membres, sur scène Kasabian joue à six, avec Jay Mehler, l'air plus impénétrable que jamais, à la seconde guitare, et Ben Kealey aux claviers. On attaque sur un "Fast Fuse" assez enlevé, un titre extrait de West Ryder Pauper Lunatic Asylum (2009), album qui a valu au groupe son pesant de récompenses dont le Brit Awards 2010 de meilleur groupe anglais. On enchaîne sur un "Shoot the Runner" heavy en diable et drivé par une batterie impressionnante. Les slammeurs se déchaînent, les fans agitent d'immenses Union Jack... Kasabian n'a pas son pareil pour trousser des titres efficaces, des hymnes rassembleurs qui font mouche en live, souvent boostés par un rythme plus élevé que sur CD. On pense à "Where Did All the Love Go" ou bien au superbe "Take Aim" chanté par le très cool Sergio Pizzorno. Plutôt pop sur disque, ces titres deviennent très rock en concert. En ce qui me concerne, les must du set sont, sans hésitation aucune, "Reason Is Treason", incroyablement psychédélique, et "The Doberman", carrément grandiose et dopé par ces solos de trompette incroyables. Le groupe nous quitte sur le chouette "Fire" repris en choeur par le public et l'on s'empresse de rejoindre le chapiteau...

Kasabian aux Eurockéennes 2010

Kasabian aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de Kasabian aux Eurockéennes 2010


La nuit est maintenant tombée. La foule massée devant le Chapiteau est impressionnante. Il est vrai que le dernier album de Charlotte Gainsbourg a bien cartonné et que c'est sa toute première tournée... L'évènement mérite donc qu'on y consacre un peu de temps. C'est ainsi qu'on a décidé de faire du concert de Charlotte notre report du jour...

Charlotte Gainsbourg aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de Charlotte Gainsbourg aux Eurockéennes 2010


Charlotte Gainsbourg en conférence de presse aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de Charlotte Gainsbourg en conférence de presse lors des Eurockéennes 2010


Il y a déjà un monde dément devant la Grande Scène quand j'arrive. A croire que l'ensemble des festivaliers s'est rassemblé là pour assister au concert de Jay-Z. Il faut dire que c'est la tête d'affiche du jour. Comme chaque année, je profite des festivals pour écouter du rap mais force est de constater que je n'ai vraiment pas la fibre pour ça... Qu'ils se nomment Kanye West, Kool Shen, Cypress Hill, N.E.R.D ou Sefyu, tous vus l'an dernier ou l'année d'avant, rien à faire, je n'accroche pas. Pas grave, apparemment le public est ravi d'assister au live de Jay-Z. Je reste le temps de trois ou quatre titres et je m'éclipse, profitant de ce que tout le monde est devant la grande scène pour aller manger un morceau...

Jay-Z aux Eurockéennes 2010

Jay-Z aux Eurockéennes 2010
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Après un petit détour par la plage où Infectious Grooves, emmené par un Mike Muir particulièrement en forme, envoie un funk metal énergique, on se dirige vers le Chapiteau pour attendre Hot Chip. Une belle ovation salue l'arrivée du groupe. Malgré l'heure tardive, Alexis Taylor et sa bande de geeks vont transformer le chapiteau en dancefloor. De "And I Was a Boy From School" à "Ready for the Floor", Hot Chip déroule ses bombes électro pop, piochant essentiellement dans ses deux derniers albums, One Life Stand, sorti cette année, ou Made In The Dark qui date de 2008. Chaque refrain met le public en ébullition. On saute en tous sens, on chante à tue-tête et les bras se tendent... Il faut dire qu'il est très difficile de résister à des morceaux aussi chouettes que "One Life Stand", impeccable, ou "Hand Me Down Your Love", vraiment superbe.

Infectious Grooves aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de Infectious aux Eurockéennes 2010


Hot Chip aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de Hot Chip aux Eurockéennes 2010


Après ce moment éprouvant pour ce qu'il reste de nos gambettes, on fait un dernier passage par la Grande Scène pour jeter un oeil à Missy Elliott puis on décide de rentrer se coucher... La nuit ne sera pas de trop pour être d'attaque demain !

Missy Elliott aux Eurockéennes 2010
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3 Juillet 2010

On est passé rapidement voir The Bewitched Hands on the Top of our Heads au Chapiteau... Un groupe Rémois comptant pas moins de six membres et qui s'est vu propulsé sous les feux des projecteurs par son excellente reprise du single de Yuksek, "Tonight". Il n'y a pas foule... Dommage pour le groupe et sa pop folk volontiers psychédélique et pleine de chouettes harmonies vocales...

The Bewitched Hands on the Top of our Heads aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de The Bewitched Hands on the Top of our Heads aux Eurockéennes 2010


On file vers la Grande Scène. Il n'y a pas grand monde non plus ici. Ce n'est vraiment pas de chance pour tous ces groupes qui passent en début de journée. Cela me rappelle l'excellente prestation de The Answer, l'an dernier, devant un public très clairsemé... La chaleur est lourde et comme le ciel est assez nuageux, on peut craindre des orages d'ici la fin de la journée. Croisons les doigts ! Premier concert du jour donc et c'est Broken Social Scene, collectif Canadien à géométrie variable (de 6 à 19 membres), qui s'y colle... C'est peu de dire que Broken Social Scene est un groupe à guitares. Il n'y a pas moins de cinq guitaristes sur scène ! Bon, OK, je compte la basse mais quand même... Au départ, quand il se forme en 1999, le groupe occupe la scène indie de Toronto et fait du post-rock. Avec l'élargissement à d'autres membres, le groupe évolue vers une pop plus mélodique. C'est donc tout naturellement que les morceaux de leur set oscillent entre ces deux pôles. Ainsi "World Sick", "Texico Bitches" ou "Forced to Love", tous issus de Forgiveness Rock Record, le dernier album en date, ont un côté pop qui n'est pas sans rappeler Phoenix, "7/4 (Shoreline)" et "Fire Eye'd Boy", du troisième album (2005), sont très rock et "Stars and Sons" ou "Cause = Time" de You Forgot It in People (2002) sont clairement post rock et l'occasion de longues plages instrumentales où les guitares s'en donnent à coeur joie...

Broken Social Scene aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de Broken Social Scene aux Eurockéennes 2010


Les festivaliers sont maintenant beaucoup plus nombreux et il y a foule sous le Chapiteau pour accueillir Emilie Simon. On a déjà eu l'occasion de voir la jeune femme en concert cette année. C'était au Casino de Paris et on avait vraiment apprécié la prestation. C'est donc avec joie que l'on s'apprête à retrouver la demoiselle. Festival oblige, le concert ne dure qu'une heure et Emilie Simon a resserré sa setlist autour de The Big Machine, son dernier album. A l'exception, hélas, de "Fools Like Us", tous les morceaux de ce disque vont être joués. Petite robe verte à paillettes, un bibi sur l'oreille, la jeune femme attaque sur l'excellent "The Devil At My Door" avant d'enchaîner avec "Dreamland" puis "Nothing To Do With You" qui s'achève sur un long final instrumental ovationné par la foule. Comme tous les autres morceaux d'ailleurs... En effet, il y a une sacrée ambiance sous le chapiteau et chaque titre est plébiscité avec ferveur : un vrai bonheur ! Par rapport au CD, on peut constater qu'Emilie Simon a légèrement atténué le côté Kate Bush de ses intonations. Est-ce que c'est bien ou non ? A chacun de juger... Rien à redire, la prestation est impeccable. Du chouette "Chinatown" à l'énergique "This Is Your World" qui clôt le set dans un tonnerre d'applaudissements et une clameur démente, on aura eu droit à un "Rainbow" plutôt speed, à un "Ballad of the Big Machine" toujours impeccablement chaloupé et sur lequel le public danse sans relâche, à un "Rocket To The Moon" pêchu et mené par les claquements de doigts d'Emilie et de son bassiste... On n'oubliera pas d'évoquer une version absolument remarquable de "Fleur de Saison", seul titre ne venant pas de The Big Machine. Emilie Simon le chante en bord de scène, unique moment où elle quitte ses claviers, s'accompagnant à la guitare acoustique solo. Certainement le moment le plus magique du concert...

Emilie Simon aux Eurockéennes 2010

Emilie Simon aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos d'Emilie Simon aux Eurockéennes 2010


Le sourire aux lèvres, on remonte tranquillement vers la Grande Scène pour aller voir ce que nous réserve Airbourne, le combo Australien de hard rock des frères O'Keeffe. Le groupe a évidemment souvent été comparé à ses compatriotes AC/DC. Formé en 2001, Airbourne ne rencontre le succès international qu'en 2008, après la sortie de Runnin' Wild, son deuxième album. Pas très fan de hard rock, j'observe avec un certain détachement le jeu de scène du groupe, profite de quelques riffs de guitare bien envoyés puis m'en vais manger un morceau. Comme j'ai un peu de temps devant moi, je passe également assister à la conférence de presse d'Emilie Simon...

Airbourne aux Eurockéennes 2010    Airbourne aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos d'Airbourne aux Eurockéennes 2010


Emilie Simon en conférence de presse aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos d'Emilie Simon en conférence de presse lors des Eurockéennes 2010


On revient s'installer devant la Grande Scène pour le concert de The Specials. Comme Madness, revenu aux affaires en 2004 et en tournée depuis fin 2008, The Specials, leurs grands rivaux de la vague ska des années 78/81, s'est récemment réuni pour une tournée célèbrant son 30ème anniversaire. Je connais moins ce groupe que Madness, vu au Zénith il y a moins de deux mois. C'est justement l'occasion de combler mes lacunes et de comparer les deux formations en connaissance de cause... On vous donne nos (très bonnes) impressions dans le report que l'on a consacré à nos deux coups de coeur du jour : The Specials et The Hives.

The Specials aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de The Specials aux Eurockéennes 2010


The Specials en conférence de presse aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de The Specials en conférence de presse lors des Eurockéennes 2010


The XX, révélation incontournable de cette dernière année, jouent sous le Chapiteau. Une énorme ovation salue l'extinction des lumières et l'arrivée du trio sur scène. Depuis leur passage au Point Ephémère en Octobre 2009 puis à la Cigale en Février dernier, les Anglais sont très hype en France et n'en finissent plus de remplir les salles. Tous ceux qui, comme nous, ne les ont encore jamais vu en live ou, au contraire, attendaient avec impatience de les revoir, se sont donnés rendez-vous sous le chapiteau qui fait le plein. Les premières notes d'"Intro", un quasi instrumental synthétique et lancinant que vous connaissez forcément même sans savoir d'où il vient tant il a été utilisé par des pubs et des séries, déclenchent les hurlements de la foule. "Crystalised" enfonce le clou tandis que le logo du groupe, ce double XX désormais bien connu, s'allume en lettres de lumière sur scène. Vient "Islands", l'un des singles extraits du premier album de The XX. Manifestement le public connait par coeur. La setlist suit à peu de choses près l'ordre du disque. A part leur méga single "VCR" et un "Do You Mind" repris à la chanteuse Kyla, qui viennent s'intercaler entre "Shelter" et "Basic Space", pas de surprise. Romy et Oliver se partagent le chant, la rythmique est en général lente et lancinante, dictée par la basse de Romy, le synthé, tenu par Jamie Smith, est spectral, les influences sont à chercher du côté de la new wave... Tout cela donne une synth-pop rêveuse et minimaliste qui trouve son écho auprès du public. Bon, clairement les membres du trio ne sont pas des bêtes de scène et le groupe est loin d'offrir des prestations live inoubliables mais ça se laisse écouter et on passe plutôt un bon moment... On a particulièrement apprécié "Basic Space" et son beau final, électro, instrumental et fantomatique.

The XX aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de The XX aux Eurockéennes 2010


Sur les derniers morceaux de The XX, des rafales d'un vent plutôt frais, commencent à balayer l'air jusqu'à présent très lourd. On remet une petite laine en scrutant le ciel. Pas facile car la nuit est maintenant tombée mais ce que l'on craignait depuis le début d'après midi arrive à grands pas... Au loin des éclairs crépitent et le grondement du tonnerre se fait déjà entendre. On espère que l'orage ne passera pas sur les étangs de Malsaucy, ou en tous cas, pas tout de suite. Sur la Grande Scène, d'énormes lettres blanches en relief sont posées sur scène, comme de gros cubes. On peut y lire The Hives. Comme d'habitude les Suédois font dans la démesure mais c'est ce qui fait leur charme et finalement, c'est ce que l'on attend d'eux en live. On a encore en mémoire leur impressionnante prestation de la Garden Nef 2008. On attend donc ce concert avec impatience. Patatras, cinq minutes avant l'heure prévue, un gros orage déverse sa colère sur Belfort. La foule bat en retraite ou s'abrite tant bien que mal... Sur scène, les guitares sont rangées. On prend son mal en patience. Enfin, la pluie s'atténue et le groupe décide de jouer. Les lettres géantes s'allument, jetant des lueurs rouges sur scène où tous les membres du groupe ont pris place de dos. La suite est à découvrir sur le report consacré à nos deux coups de coeur du jour...

The Hives aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de The Hives aux Eurockéennes 2010


La pluie, revenue de plus belle sur la fin du concert de The Hives, a poussé la foule sous le Chapiteau. Il y a déjà un monde dingue lorsqu'on arrive et il est très difficile de se frayer une petite place à l'abris. Quant à s'approcher de la scène, ça n'est tout simplement pas envisageable. Malheureusement, cette année, restriction de budget oblige, il n'y a pas d'écrans au chapiteau. On comprend très vite que l'on ne verra rien. Pas de chance avec Ghinzu aux Eurocks ! L' an dernier, une panne de courant avait interrompu leur concert alors qu'ils jouaient sur la grande scène. Cette année, il pleut à verse et vu la configuration, il y fort à parier qu'on ne sera pas les seuls à ne pas voir le groupe. Heureusement, on les a vu au Zénith à Paris à l'automne dernier... Ce soir, il ne nous reste plus qu'à profiter du son. "Mother Allegra" est toujours aussi formidable. "Mirror Mirror", introduit par une longue plage instrumentale, est joué à fond les manettes et l'urgence de "Dream Maker" file une fois encore des frissons. "Dragster Wave" et "Do You Read Me ?" sont probablement les must du set. Dotés d'impressionnantes ruptures de rythme et de montées en puissance vertigineuses, mélodiques en diable, ils sont tout simplement énormes. Et rien que pour entendre ces deux morceaux, on est content d'être là, coincé comme une sardine et incapable d'apercevoir John Stargasm et les siens...

Ghinzu aux Eurockéennes 2010

Ghinzu aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de Ghinzu aux Eurockéennes 2010

4 Juillet 2010

Dernier jour de ces Eurocks 2010... On passe d'abord par la Plage pour les Kid Bombardos. J'avais eu l'occasion de les voir en 2008 à la Garden Nef, l'excellent festival rock d'Angoulême qui, malheureusement, n'a pas eu lieu cette année, puis ensuite en première partie des Vampire Weekend à la Cigale... Et je dois dire que j'attends leur premier album avec une certaine impatience. Si les Kid Bombardos se produisent aujourd'hui à Belfort et font partie de la programmation officielle du festival, c'est parce qu'ils sont lauréats du concours SFR Jeunes Talents, une place de finalistes amplement méritée ! C'est le premier concert de la journée et il n'y a pas encore grand monde à la Plage. Dommage... Pour les quatre jeunes Bordelais qui, comme d'habitude, livrent un set impeccable mais aussi pour le public qui manque un chouette concert et une occasion de découvrir un groupe prometteur. Un rock incroyablement mélodique façon Strokes qui vire parfois à l'urgence garage, vingt ans de moyenne d'âge, une classe naturelle et une grande élégance... Voilà les atouts majeurs des Kids. Je dois hélas quitter la Plage avant la fin, souhaitant assister au concert de Martina Topley Bird. Heureusement, j'ai le temps d'entendre le génial "I Round The Bend"...

Kid Bombardos aux Eurockéennes 2010

Kid Bombardos aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de Kid Bombardos aux Eurockéennes 2010


Il n'y a pas encore grand monde devant la Loggia. On s'agite sur scène. Apparemment, ça n'est pas parti pour commencer à l'heure. De fait, le concert démarrera avec quinze bonnes minutes de retard. Heureusement, il est possible de se mettre à l'ombre de la scène ce qui rend l'attente très supportable... Martina Topley Bird s'excusera plus tard de ce retard en nous expliquant que son acolyte, voyageant dans le bus de Massive Attack, n'a pu arriver à l'heure. Peu importe finalement... Martina va nous offrir une si belle prestation qu'on a vite fait d'oublier. Je n'avais jamais vu Martina Topley Bird en solo et très franchement, je ne regrette pas d'avoir zappé les Middle East pour elle. Pour moi, la chanteuse britannique reste l'égérie de Tricky durant les années 90 ou l'une des chanteuses du dernier Massive Attack. Aujourd'hui, j'ai donc l'occasion de découvrir ses propres chansons. Dans une belle robe rouge, à demi cachée derrière ses claviers, Martina Topley Bird attaque sur "Lying", titre électro pop extrait de Quixotic, son premier album. Elle est accompagnée aux percussions de son Ninja. C'est elle qui l'appelle ainsi... Force est de constater que l'homme, vêtu de noir et le visage masqué d'une cagoule, mérite bien son surnom. S'ensuit un sublime "Sandpaper Kisses" qui met le public à genoux. Le Ninja est à la guitare, Martina retourne un sablier dont le sable s'écoule lentement en un bruissement soyeux. C'est dépouillé et absolument superbe. Le public ne s'y trompe pas et salue le titre d'une ovation amplement méritée. A ses anciens titres, la chanteuse mêlera de nouveaux morceaux de l'album à paraître bientôt, un disque que l'on peut se procurer dès aujourd'hui, en avant première mondiale précise-t-elle dans son français tout à fait charmant, sur le site des Eurocks. On aura le droit encore à un extraordinaire "Baby Blue" en simple piano voix, à l'excellent "Poison" et, pour finir, à "Too Tough to Die" joué très rock. Une excellente surprise que ce concert, vraiment !

Martina Topley Bird aux Eurockéennes 2010

Martina Topley Bird aux Eurockéennes 2010
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Après ces deux premiers concerts qui sont de très bon augure pour la journée, direction la Grande Scène pour découvrir The Drums, combo on ne peut plus British dans l'esprit et pourtant complètement New Yorkais. Emmené par le maniéré Jonathan Pierce, The Drums, originaire de Brooklyn (comme MGMT), est devenu, en quelques mois seulement, la coqueluche des amateurs de rock. Ironie ou non, le NME les a carrément qualifiés de "meilleur groupe anglais venu d'Amérique" ! Et effectivement, dès l'excellent "Best Friend" qui ouvre le concert, on pense illico à The Smiths mais en beaucoup plus drôle. Si Jonathan Pierce use d'une voix grave et affectée qui peut rappeller celle de Morrissey, les quatre Américains ne se prennent pas du tout au sérieux. Leur rock aux réminiscences new wave a une saveur un brin rétro et on prendra beaucoup de plaisir à suivre leur set décidément trop court. En 35 minutes, The Drums a envoyé neuf titres et plié sa prestation. C'est quelque peu frustrant mais, à leur décharge, les New Yorkais n'ont à ce jour sorti qu'un seul LP, l'éponyme The Drums paru en Juin. A écouter d'urgence "Book of Stories" ou "Make You Mine", deux morceaux vraiment extra. Après un "Let's Go Surfing" très Beach Boys et complètement déjanté, The Drums quitte la scène pour ne plus revenir, malgré une foule qui les réclame à grands cris...

The Drums aux Eurockéennes 2010

The Drums aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de The Drums aux Eurockéennes 2010


En attendant le concert de Julian Casablancas, également sur la Grande Scène, on passe faire un tour au chapiteau. Les Gallows, quintette venu de Watford en Angleterre, balancent un punk rock résolument hardcore. Leur leader, Frank Carter, un rouquin extraordinairement tatoué, parle beaucoup entre chaque titre. Invariablement ses phrases sont ponctuées de multiples "fucking" et comme le groupe, à travers son dernier album, Grey Britain, chante la malchance de vivre dans une ville où il n'y a rien à faire, on pense forcément à Trainspotting... Décoiffant ! Retour vers la Grande Scène où l'on patiente tranquillement. Ce concert de Julian Casablancas, que l'on attendait pourtant avec impatience, sera la petite déception de la journée. Casablancas a la crève - sur l'excellent "4 Chords of Apocalypse", il sera même forcé de s'arrêter un instant - il est claqué et n'a visiblement pas envie de s'éterniser. D'ailleurs, il a également annulé sa conférence de presse. Pour couronner le tout, le son n'est pas terrible... Bref, pas les meilleures conditions qui soient pour un concert. La setlist aligne pour l'essentiel des titres de Phrazes for the Young, l'album solo de Julian Casablancas et quelques morceaux des Strokes - "Automatic Stop", "Hard to Explain" - que le public connait par coeur. Lunettes de soleil, blouson Teddy et slim rouges, Julian Casablancas arbore cet air d'adolescent un peu branleur qui lui va si bien. Malgré sa petite forme, "Tourist" et sa superbe ligne de guitare, "Glass" ou "11th Dimension", ovationné dès les premières notes, ont sacrément de la gueule... A revoir absolument !

Julian Casablancas aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de Julian Casablancas aux Eurockéennes 2010


Gallows aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos des Gallows aux Eurockéennes 2010


Comme Julian Casablancas a fini plus tôt que prévu, on a dix petites minutes pour faire un saut à la conférence de presse de Mika avant de rejoindre le Chapiteau pour le concert de LCD Soundsystem. Je ne sais pas si on le doit à Mika ou à l'organisation des Eurockéennes, mais ce sera la seule conférence de presse où l'on est accueilli par un buffet avec petits fours et coupes de Champagne... Mika, égal à lui-même et toujours souriant, répond (en français) de fort bonne grâce aux multiples questions qui pleuvent de partout. On le reverra tout à l'heure sur scène... Pour l'instant, on file au chapiteau. On avait déjà eu l'occasion de voir James Murphy en concert. C'était en clôture de la Garden Nef 2007. Avec ses éternels T-shirt et pantalon blancs, le cheveu en bataille et la barbe naissante, James Murphy ne paye certes pas de mine mais dès qu'il attaque, classiquement sur le "Us v Them" de Sound of Silver, c'est toujours la même chose : un public en ébullition et un parterre qui se transforme en dancefloor. La foule saute et danse sans relâche, les refrains sont repris à tue-tête et, en moins de cinq minutes, c'est une véritable folie. Et c'est loin d'être fini. Le public continue d'affluer des quatre coins du site et se presse pour tenter d'approcher... "Drunk Girls" et "Pow Pow", les deux singles du tout récent This Is Happening, font un malheur, on est au bord de l'apoplexie avec "Daft Punk Is Playing at My House" et ravis de réentendre l'enthousiasmant "Tribulations". Il n'y a pas à dire, on le vérifie ce soir encore, LCD Soundsystem est vraiment passé maître dans l'art de trousser des rythmes absolument irrésistibles !

LCD Soundsystem aux Eurockéennes 2010
Toutes les photos de LCD Soundsystem aux Eurockéennes 2010


Pas de répit ! Alors que les synthés de LCD Soundsystem résonnent encore, on rejoint la Grande Scène pour le concert du jour : Mika ! Pendant que l'on patiente, on admire les décors mis en place. Comme d'habitude avec Mika, la féérie côtoie un univers de bandes dessinées. Ici, d'énormes bouquets de tournesols d'un jaune éclatant se mêlent à de faux arbres dans lesquels sont perchés des personnages de cartoon. En fond de scène, il y a des dessins comme celui de ce crâne qui rigole et nous fait un clin d'oeil d'un air entendu... Il y a tout juste un an, on avait pu profiter de Mika dans le cadre magnifique du Cirque d'Hiver à Paris, une salle de petites dimensions pour un artiste comme Mika. La fête avait été totale. Cette magie peut-elle se reproduire en festival ? La réponse est oui, sans hésiter. Pour lire la suite c'est ici...

Mika aux Eurockéennes 2010
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On passe vite fait au Chapiteau pour jeter un oeil à Empire of the Sun, groupe Australien qui, l'an dernier, mit la blogosphère dans tous ses états. Annoncé à l'époque comme le nouveau MGMT, le duo a fait couler beaucoup d'encre. On demande donc à voir... Si le Chapiteau n'a pas fait le plein, Empire of the Sun a cependant son comptant de vrais fans et c'est la folie devant la scène. Impossible de décrire correctement le spectacle auquel on assiste. Si ce n'est que l'on peut dire que, visuellement, c'est assez impressionnant. Luke Steele, chanteur du groupe et également membre de The Sleepy Jackson, occupe le centre de la scène. Il est debout derrière une armée de synthés et machines en tout genre, maquillé à outrance et vêtu de façon hallucinante. Avec sa couronne d'or, il ressemble au roi Soleil ou à un guru dirigeant sa secte. Ses danseuses en combinaisons de latex moulantes, le visage caché d'un masque sont autant de prêtresses chargées du bon déroulement du culte. Il n'y a pas à dire, les chorégraphies sont plutôt recherchées... Côté musique, c'est un mélange de rock et d'électro synthétique qu'il faudra réécouter sur disque pour en prendre la mesure...

Empire of the Sun aux Eurockéennes 2010
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Après avoir mangé un morceau, on fonce vers la Grande Scène pour Massive Attack qui a l'honneur de fermer ces Eurockéennes 2010. Il y a deux ans, le groupe de 3D et Daddy G avait déjà eu les honneurs de cette même scène. On avait eu l'occasion d'entendre de nouveaux morceaux, "All I Want", "Marooned", "Marakesh" ou "Dobro, tous superbes. On pensait les retrouver sur Heligoland, un cinquième album qu'on attendait depuis fort longtemps et finalement sorti en début d'année. Seul "Marakesh", devenu entre temps "Atlas Air", figure en définitive sur le disque. A croire que Massive Attack a de la réserve pour se permettre de laisser de côté d'aussi bons titres... Ce soir, Robert Del Naja et Grant Marshall sont accompagnés au chant de la voix magique d'Horace Andy et de la divine Martina Topley-Bird vue en solo en début d'après midi. Le concert durera 1h30 d'une intensité remarquable. On ne pouvait rêver plus beau final pour cette édition des Eurocks. On vous raconte ici ce concert qui reste l'un des must de ces trois jours...

Massive Attack aux Eurockéennes 2010
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Enfin, et comme d'habitude, nous mentionnerons l'excellente organisation du festival, l'ambiance agréable et l'esprit bon enfant qui ont règné sur la presqu'île du Malsaucy durant ce premier weekend de Juillet. Rendez-vous est pris pour l'année prochaine...

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